Depuis le 1er juin 2019, l’utilisation de pesticides dans les espaces publics est interdite en Wallonie. Une décision importante, mais qui a son lot d’exception! C’est le cas par exemple du secteur ferroviaire. Celui-ci a bénéficié de plusieurs dérogations pour traiter les voies. Mais la dernière en date prendra fin ce 30 juin et aucune autre dérogation n’est à l’ordre du jour. A Mariembourg, le Chemin de Fer à Vapeur des Trois Vallées est directement concerné.
L'annonce a fait grand bruit à l'époque, l'interdiction de l'utilisation de pesticides dans les espaces publics. Une décision qui a pris de court beaucoup de secteurs, dont le monde ferroviaire. À ce moment là, l'activité touristique du Chemin de Fer à Vapeur des Trois Vallées, directement concernées, avait tenté de trouver une alternative. Ils espéraient pouvoir remplacer le désherbage chimique par du thermique. Benoit Thomé, directeur réseau au Chemin de Fer à Vapeur des Trois Vallées, nous explique.
"Au niveau technique, on déviait une partie de la vapeur d'une locomotive directement sur un cuiseur vapeur qu'on mettait devant la locomotive et qui donc faisait une espèce de chambre de vapeur directement sur les rails et cuisait les mauvaises herbes avec de la vapeur bien chaude."
Mais si l'idée est séduisante dans les faits, elle reste compliquée.
"Chez nous, on a un gros quatorze kilomètres entre Mariembourg et Treignes, plus les voies secondaires. Le traitement se fait à pas d'homme. Il faut brider la machine qui n'a pas l'habitude de rouler à trois, quatre, cinq kilomètres heure. C'est fastidieux, c'est quand même long quatorze kilomètres. Ce n'est pas une solution miracle! Et il fallait repasser plusieurs fois en fonction de la météo.
Les herbes une fois mortes il fallait les retirer, une solution était de les brûler. Mais quid, en cas de sécheresse ou de canicule? Le risque était important de faire un plus grand brasier que prévu. Donc finalement, ça posait plus de problèmes que de réelles solutions, par rapport à la sécurité sur les voies."
L'alternative a donc été abandonnée, profitant d'une dérogation, l'activité touristique a alors réutilisé les moyens chimiques, mais les dérogations se termine le 30 juin pour eux et fin septembre pour Infrabel. La suite est un grand point d'interrogation pour tout le secteur.
"Et que faire après la date du 30 juin? Refaire travailler des hommes, pour enlever toutes les mauvaises herbes? C'est quasiment mission impossible. Des solutions avec certains animaux peuvent être envisagées dans certains cas, mais pas sur l'ensemble des chemins de fer belge. Il y a d'autres solutions mécaniques aussi, mais aucune n'apporte une satisfaction dans le temps et n'est aussi efficace que le chimique."
Plus aucun souci esthétique. Le désherbage des voies est avant tout une question de sécurité.
"Les racines vont pousser le ballast et vont s'incruster entre les, entre les rails, entre les billes. Donc ça va déstructurer l'assise même de l'assiette. Et en fonction des types de convois qui peuvent circuler, ça peut déstabiliser la voie."
Avec les élections qui arrivent et le changement de gouvernement, la peur est qu'aucune décision ne soit prise d'ici le 30 juin. Et sans reconduction de la dérogation, la saison estivale s'annonce bien compliquée.