La Ville de Namur, via la Régie foncière, envisage la construction de 12 logements à Bomel. Le hic, c'est que le chantier avoisine les... 6,8 millions d'euros. L'opposition au conseil communal estime que c'est bien trop cher. La majorité, elle, précise que c'est de son devoir de créer des logements publics à cet endroit, pour effacer un chancre industriel et dynamiser le quartier.
L'ardoise est en effet assez lourde: 6,8 millions d'euros pour 12 logements et une surface habitable de 815 m2. "Vous vous rendez compte, ça fait 568.000 euros par logement, fait remarquer le conseiller DéFI Julien Lemoine. Qui serait prêt à payer ça dans le privé ? Personne !". La conseillère indépendante de l'opposition Françoise Kinet se montre tout aussi dubitative: "Tout cela pour 12 petits logements. Ça fait 8.996 euros le m2, c'est plus cher qu'à Uccle".
Il faut dire que le projet est ambitieux. La Ville de Namur a en fait racheté le site de l'entreprise Honet, situé au numéro 43 de la rue de Bomel. C'est une ancienne huilerie et, forcément, les lieux sont pollués. Le coût de la destruction et de la dépollution du site avoisine les 2 millions d'euros. D'où le coût élevé du projet... Le site a officiellement été reconnu par la Région wallonne comme SAR (site à réaménager), la Wallonie va d'ailleurs intervenir à hauteur d'environ 900.000 euros de subsides. Mais cela laisse tout de même une belle ardoise pour la Ville...
L'opposition se demande donc si la Ville doit continuer à croire en ce projet. Julien Lemoine (DéFI) estime que les finances actuelles de la ville ne permettent pas de telles dépenses. Du côté du PS, Fabian Martin trouve également que le budget est conséquent et demande des explications. L'échevine en charge de la politique foncière, Charlotte Mouget (Écolo) justifie le montant de l'investissement par le coût de la dépollution, l'augmentation des prix des matériaux, et l'explosion des coûts de la main d'oeuvre (indexations multiples des salaires). Ceci dit, Fabian Martin, dont le parti a toujours mené la bataille des logements publics, s'étonne du montant de l'investissement mais reconnaît qu'il est nécessaire. Il faut dire que des logements publics, dont les loyers resteront modérés, à proximité de la gare de Namur à pied, c'est intéressant pour celles et ceux qui ne trouvent pas de logement...
Pour la majorité, Charlotte Mouget (Écolo) a rappelé toute l'importance de ce projet. Il s'agit d'effacer un chancre industriel, d'assainir des sols pollués, de créer du logement de valeur (bonne isolation, faibles coûts à l'entretien,...), et de redynamiser le quartier. Elle a aussi évoqué la construction sur le site d'une passerelle piétonne qui va relier "le haut et le bas de Bomel". Et de préciser que, selon la Régie foncière, l'investissement sera "rentabilisé" en 18 ans.
Le projet a été voté par la majorité (Les Engagés - Écolo - MR), le PS et le PTB, et rejeté par DéFI et Françoise Kinet.