Ces dernières semaines, dans le bois de Matignolle, à Viroinval, ils ont été jusqu'à 14 à remonter le temps. Des archéologues, confirmés ou amateurs, ont fouillé la terrasse de la grotte Genvier à la recherche d'ossements, de céramique et de silex. Ces fouilles organisées depuis 2017, par Pierre Cattelain et Nicolas Cauwe, ont permis d'y mettre en évidence la présence, près de 3000 ans avant J.-C., d'une sépulture collective datant du néolithique.
Ces 4 dernières semaines, ils ont gratté, fouillé et tamisé la terre autour de la grotte Genvier, dans le bois de Matignolle. Et cet après-midi-là, Cécile est tombée sur un bout de silex pas comme les autres...
C'est assez petit et c'est assez rare, surtout de le trouver en place. Ca peut passer inaperçu, parce qu'on commence à gratter de la terre, et presque tout est du calcaire dans cette zone. Ce qui fait qu'on peut totalement passer à côté, par habitude...
Mais pour sa première fouille, Cécile a l'oeil aussi aiguisé que sa trouvaille. Une pièce qui a été analysée par Nicolas Cauwe, co-directeur des fouilles.
C'est une vraie armature de flèche du mésolithique, la dernière grande période des chasseurs-cueilleurs dans nos régions. Et quand on dit "armatures", c'est parce que ce n'est pas tout à fait une pointe. Sur une seule flèche, on pouvait mettre, comme ça, toute une série de petites lamelles pour faire des tranchants qui sont extrêmement efficaces lors de la chasse. C'est donc un très bel objet ! Il est tout petit, mais ça demande un savoir-faire parce qu'il faut détacher de toutes petites lamelles dans le silex, et puis les aménager avec de petits enlèvements, les mettre dans une hampe de flèche... C'est un vrai travail de précision. Ca n'a l'air de rien, mais c'est un petit objet qui a son pesant d'or pour nous.
Il sera donc étudié avant de trouver sa place dans la collection du Musée du Malgré-Tout. Ce qui ravit la jeune future étudiante archéologue, Cécile.
Ca fait toujours plaisir de trouver des choses, surtout une chose aussi importante. Elle a quand même sa place dans la collection, elle a aussi sa place dans des fouilles qui durent, tout de même, depuis 1984.
C'est, en effet, il y 40 ans que les frères Genvier ont fait appel à Pierre Cattelain. Après un premier sondage : de la céramique, du silex et des ossements humains sont retrouvés. Preuve que la grotte a pu héberger un site funéraire néolithique. Entre 3200 et 2200 avant J.-C., Mais ce n'est qu'en 2017 que les réelles fouillent débutent.
On a retrouvé les restes de cet ossuaire néolithique, cette sépulture collective. Ils étaient très éparpillés à cause des animaux fouisseurs, notamment les blaireaux et les renards. On a quand même plusieurs milliers d'objets. Je crois qu'on doit avoir à peu près 300 restes humains qui correspondent à environ onze personnes qui ont été déposées ici. On a plus de 9000 restes de faune, des ossements d'animaux et on doit avoir 1300 à 1400 morceaux de poterie, plus des silex.
Ce qui permettra d'affuter les connaissances historiques de la région. Ce qui réjouit le co-directeur des fouilles.
Beaucoup de données sont antérieures à 1970. Et donc, avec les nouvelles méthodes, on parvient à avoir des résultats supplémentaires. Maintenant, on travaille sur de l'ADN et sur du strontium qui est contenu dans les dents. Et on a ici plus de 50 dents humaines. Donc ça va donner des résultats.
Autre trouvaille plus étonnante, une vingtaine de dents de renard ont été découvertes sur 3m2.
Aucune de ces canines n'est perforée. Si elles étaient perforés, ce serait facile, ce serait des éléments de parure. Mais il y a, peut-être, des éléments de gorge dessus ou des éléments de matière adhésive. Parce que pour en faire des parures, ce n'était pas toujours indispensable de les perforer. Et donc là, on va devoir analyser ça en laboratoire. Mais, en tout cas, pour mon collègue et moi même, la quantité de dents renards sur moins de trois mètres carrés est déjà tout à fait étonnante.
Après ce mois de recherches, l'aventure touche à sa fin. Seuls quelques week-ends pourraient encore être organisés, en équipe réduite, avant que le chantier ne soit complètement démonté. Une fois les études approfondies des objets réalisées, une synthèse générale sur les trésors qui renfermait la Grotte Genvier sera publiée.