Des chercheurs en physique et en biologie de l'UNamur ont mené une expérience sur la résistance de la fourmi aux rayons X. Résultats ? La fourmi résiste beaucoup mieux que l'être humain aux radiations mais à partir d'une certaine dose, elle devient stérile.
Boris et Martin sont chercheurs à l'université de Namur. Leur expérience consistait à vérifier un mythe, comme le précise Boris Hespeels, chercheur à l'UNamur.
Le mythe qui consiste à vérifier si en cas de guerre nucléaire, les fourmis étaient réellement capables de résister à ce type de stress ?
La fourmi pourrait-elle survivre à un cataclysme nucléaire ? Curieusement, il existe très peu d'études sur le sujet. Ici, l'expérience a consisté tout d'abord à élever en captivité une variété de fourmis de chez nous, la Lasius Niger. Martin Vastrade, lui aussi chercheur à l'UNamur, nous en explique le fonctionnement.
Le dispositif est constitué d'un simple tube avec une réserve d'eau fermée par un coton bien tassé, et puis d'un compartiment où on dépose la reine à proximité d'un coton humide. Un autre coton ferme le tube. Donc toutes les reines ont été maintenues dans un tel dispositif. A l'intérieur, elles étaient à l'abri, isolées, et elles pouvaient élever leur progéniture.
25 FOIS PLUS RESISTANTE QUE L'HUMAIN
Ensuite, douze reines n'ont pas été irradiées, douze reines l'ont été un peu, douze ont subi une dose plus forte jusqu'au dernier groupe qui a été soumis à une irradiation lourde.
Une cellule humaine résistera à des doses comprises entre deux et dix Gray. Au dessus de ça, elle ne survivra pas. Nos fourmis ont résisté pendant onze semaines à la dose maximale, c'est-à-dire 250 Gray.
VIVANTES MAIS STERILES !
La survie de la Lasius Niger fortement irradiée a donc été identique à sa congénère non irradiée. Par contre, l'expérience a révélé que les rayons avaient un impact sur la fertilité des fourmis.
A partir de 50 Gray et au-delà, les fourmis étaient globalement stériles et incapables de produire une progéniture viable.
Cette étude de radiobiologie s'inscrit dans l'air du temps. A l'ère du nucléaire civil, militaire, médical ou encore spatial, il est important d'étudier la réaction et l'adaptation du vivant aux radiations.
C'est dans ce cadre-là que notre recherche s'inscrit, pour essayer de mieux comprendre à partir de quelle dose on voit un effet. On pourra peut-être à l'avenir montrer qu'il y a des molécules qui peuvent apporter une certaine protection ou qui peuvent réparer les dommages de ce type de rayonnement.
En attendant, ces chercheurs ont cassé le mythe... à moitié. Certes, la fourmi est beaucoup plus résistante aux radiations que l'espèce humaine, mais elle l'est beaucoup moins que d'autres espèces d'insectes.
Ceci dit, on a recensé jusqu'ici 12 000 espèces de fourmis à travers le monde et il y aurait 20 millions de milliards de fourmis sur terre. C'est beaucoup plus que les êtres humains. Elles seraient 2,5 millions de fois plus nombreuses.