Les fouilles archéologiques sur le site de l'ancienne banque BNP Fortis, située dans la rue des Carmes à Namur, touchent à leur fin ce vendredi. Menées par les archéologues de l'Agence wallonne du patrimoine, ces recherches ont révélé des découvertes remarquables, éclairant l'histoire millénaire de la région.
Découvertes inattendues et riches en enseignements, les archéologues ont mis au jour pas moins de 70 tombes datant de l'empire romain, dont la moitié sont des sépultures d'enfants.
En plus de ces trouvailles poignantes, un prieuré de la période mérovingienne a également été découvert sur le site. Marie Verbeek et Elise Delaunois, archéologues de l’Agence wallonne du patrimoine, partagent leur expertise :
Les murs que nous avons découverts appartiennent au prieuré des croisiers, un ordre religieux mosan. C'est le deuxième prieuré construit par cet ordre. On voit en effet les murs qui appartiennent à l'église, les bâtiments conventuels, c'est-à-dire les bâtiments dans lesquels vivaient les religieux. Il y a une église. Il y a tous les bâtiments dans lesquels les moines vivaient. C'est ce qu'on appelle un cloître où il y a le réfectoire, les cuisines, le dortoir, et cetera.
De plus, des traces de la vie namuroise sous l'empire romain ont été mises au jour par Valentine Debeusscher et toute l'équipe :
On a tout d'abord un habitat du Haut Empire, c'est-à-dire que c'est un habitat fait en matériaux légers. On parle d'habitats en torchis ou en toit de chaume. À priori donc, c'est un habitat qui, en fait, est à la périphérie de Namur, au deuxième ou IIIᵉ siècle après Jésus-Christ.
L'analyse de la vaisselle retrouvée s'avère également précieuse pour dater les différentes époques. Marie Verbeek souligne :
Dans une tombe d'enfant, on a eu trois pots en céramique dans lesquelles on pouvait mettre les restes de nourriture puisque le défunt recevait de la nourriture pour aller dans l'au-delà. Les objets sont intéressants, parce qu'ils nous apportent des informations. Ils sont un apport de connaissances en plus, mais les structures permettent de voir, comment tout ça se développe et de comment l'homme s'est installé quelque part.
Valentine Debeusscher ajoute que si autant de tombes d'enfants ont été découvertes c'est lié à l'époque :
La mortalité infantile était très élevée. Aujourd'hui, évidemment, on a notre médecine qui est super développée, donc ça a tendance à très fort descendre, mais à l'époque c'est un enfant sur deux qui meurt.
Ces découvertes exceptionnelles viennent enrichir notre compréhension de l'histoire de Namur, notamment de la période romaine, encore peu connue. Les artefacts découverts alimenteront les recherches futures dans ce domaine. Il est également souligné que les fouilles ne retarderont pas le chantier à venir sur le site.