L'abbaye cistercienne et la métallurgie ont cohabité pendant des siècles dans la vallée de la Gelbressée. Laurent Aidans retrace cette histoire à deux volets dans un nouvel ouvrage.
Marche-les-Dames et la vallée de la Gelbressée sont surtout connues pour l'abbaye qui y trône majestueusement depuis le XIIIᵉ siècle. Mais ce site est aussi marqué par l'industrie du fer qui s'y installa dès le XIVᵉ et prospéra jusqu'au XIXᵉ siècle.
UNE INDUSTRIE AUJOURD'HUI OUBLIÉE
L'activité métallurgique a laissé peu de traces visibles. Il ne reste plus que l'ancienne demeure du maître de forges et les halles de stockage.
L'apogée de cette industrie namuroise du fer est surtout due à un homme visionnaire, Jean-Joseph Jaumenne, qui va hisser le fer namurois au rang européen, comme l'explique l'auteur du livre, Laurent Aidans.
Il fut le premier à développer vraiment tout le circuit complet de la production, donc de l'extraction du minerai, jusqu'à son affinage. Et c'est ça qui va s'imposer tout doucement dans la vallée. Il va notamment être le principal fournisseur des armées napoléoniennes, ce qui va assurer bien entendu sa richesse et sa renommée, au point qu'il va même réussir à se construire un château.
Ce prestigieux château, construit en bord de Meuse, passe ensuite à la famille d'Arenberg. Il sera hélas détruit par un incendie en 1914. Il ne reste plus de cet édifice qu'un tunnel qui mène à une ancienne glacière. Les d'Arenberg firent ensuite construire en 1921 l'actuel château qui appartient depuis 1947 à l'armée belge et fait partie du site des paras commandos.
UNE ABBAYE CLOSE ET ORGANISÉE
Un peu plus haut dans la vallée, l'abbaye, elle aussi, a vécu une histoire fascinante que Laurent Aidans raconte en détail dans son ouvrage. L'Abbaye de Marche-les-Dames se rallie dès le XIIIᵉ siècle à l'Ordre cistercien qui va fortement modeler son organisation. Laurent Aidans précise :
Il fallait bien sûr respecter plusieurs règles. La première, c'est la stricte clôture. Donc les moniales vivaient véritablement en vase clos. Il fallait aussi être capable de prouver qu'on pouvait vivre en autonomie et en autarcie, par la présence de jardins, par exemple, ou d'une petite ferme. Mais aussi de pouvoir trouver à l'extérieur les moyens suffisants pour subvenir aux différents besoins. C'est d'ailleurs pour ça que l'abbaye, par exemple, au cours de l'histoire, va acquérir quand même cinq fermes, ce qui n'est pas rien, dont une à Wartet et deux à Tillier.
Le site fut aussi marqué par les grands travaux hydrauliques que menèrent les cisterciennes pour dévier le cours d'eau, aménager des canaux, créer des étangs et construire un moulin.
Des travaux colossaux parce qu'il faut s'imaginer qu'il va falloir aplatir un peu le site pour en faire vraiment une vallée. Il faut aussi l'aménager pour les fonctions agricoles, mais aussi les fonctions d'habitat évidemment, et la construction même de l'abbaye. C'est à partir de là que le site de l'abbaye va véritablement se développer.
Toute cette formidable histoire est racontée dans l'ouvrage de Laurent Aidans, paru aux éditions namuroises et disponible en librairie au prix de 28 €.