5 ans maximum pour terminer son bachelier, fin des "casseroles" que l'on traîne de sa première à sa dernière année, changement des règles de finançabilité... La réforme du décret paysage fait grincer des dents et inquiète tant chez les étudiants que chez les politiques. Mais sur le terrain, qu'en est-il réellement ? Des jeunes risquent-ils de ne pas pouvoir terminer leur cursus à cause de ces changements ? La Haute école Albert Jacquard a fait les comptes... Et la situation semble préoccupante.
Depuis 2 ans, la réforme du décret paysage est en vigueur dans l'enseignement supérieur. Elle concerne, notamment, les règles de finançabilité. Autrement dit, les règles selon lesquelles le paiement des études est pris en charge par l'Etat. Chaque étudiant a 2 ans pour réussir sa première année, 2 ans pour la 2ème et une cinquième année maximum pour terminer son bachelier. Une 6ème année peut être ajoutée s'il se réoriente. S'il n'entre pas dans ces conditions, il n'est plus finançable. Cette réforme était accompagnée d'une période de transition, qui touche aujourd'hui à sa fin et qui aura des impacts à la Haute Ecole Albert Jacquard, comme l'explique la Coordinatrice du Service Affaires académiques, Coralie Sampaoli.
A partir de 2024-2025, tous les étudiants entrent dans ce nouveau système. Et ça engendre des craintes et des questions puisqu'on remarque qu'il y a une série d'étudiants qui sont là depuis plusieurs années qui vont se retrouver exclus.
Mais dans quelle mesure ? La Haute Ecole Albert Jacquard a fait les comptes.
On a imaginé qu'on appliquait cette réforme à cette rentrée académique, en 2023-2024. Et on se retrouve avec 567 étudiants sur 2800 qui ne pouvaient pas se réinscrire dans la formation dans laquelle ils sont actuellement inscrits. Avec l'ancien système, cette année, on est à 340 étudiants qui sont non-finançables. Ça reste un chiffre conséquent, mais il double quasiment avec la nouvelle réforme.
Une réforme qui vise à éviter certaines dérives, comme les "casseroles" que certains étudiants traînaient. Il n'est plus possible, avec ce système, d'avancer dans son bachelier sans réussir ses cours de première année, par exemple. Plus difficile aussi de picorer dans le programme et de choisir ses cours à la carte. Des progrès soulignés par Coralie Sampaoli, mais qu'il faut nuancer.
Les étudiants sont inquiets. Il y en a, par exemple, qui ont réussi 150 crédits sur 180. Ce qui est énorme ! Mais ils ont encore un cours de bac 1 et à la rentrée prochaine, ils ne vont plus pouvoir s'inscrire parce qu'ils ont ce cours de première bac. C'est super violent, ça les inquiète... Puis il y a ceux, aussi, qui se sont déjà réorientés, qui ont essayé d'autres choses, qui voudraient pouvoir le refaire et qui ne le pourront plus.
La Haute Ecole porte donc leurs voix aujourd'hui en dévoilant ces chiffres. Pas question pour autant de vouloir orienter les décisions politiques prises quant à cette réforme. Mais une volonté assumée de tirer la sonnette d'alarme et de faire prendre conscience de l'impact de ces changements sur les étudiants.