Jambes – Ce jeudi, la mobilisation était de mise dans le secteur public, avec un rassemblement Place Joséphine Charlotte à Jambes. En cause, le projet du gouvernement wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles visant à supprimer le statut des agents dans plusieurs branches du service public. Les enseignants échappent pour le moment à cette mesure, mais les autres régimes salariaux sont concernés. Cette réforme suscite de vives inquiétudes parmi les syndicats et les agents publics.
Les syndicats redoutent un retour "de la politique de copinage, des pressions des ministres et des cabinets sur les agents." Nathalie, contractuelle depuis plus de 20 ans, exprime ses craintes quant à l’impact de cette réforme sur son avenir professionnel. Elle témoigne :
"Depuis deux ou trois ans, il y a eu par la ministre Valérie Debus, qui est pourtant une ministre MR, la facilité de pouvoir devenir statutaire grâce au fait de réussir simplement un examen du Celor. Et donc de là, de pouvoir statuer sur le poste qu'on occupe et qui nous motive profondément. C'est ça qui est remis en cause aujourd'hui. On fait un retour en arrière où on va devoir, pour espérer devenir statutaire, postuler sur un poste qui n'est pas du tout un poste que nous occupons pour l'instant et qui ne correspond pas toujours à nos profonds désidérata en termes de services publics."
À l’issue de cette manifestation, les syndicats ont rencontré la ministre pour évoquer la suppression du statut, qui, selon les autorités, ne concernera que les futurs agents et épargnera ceux déjà nommés. Pour les représentants syndicaux, l’enjeu dépasse les simples carrières individuelles. Jean-Christophe Vancoppenolle, secrétaire permanent fédéral et régional de la CSC, insiste :
"Notre grande crainte, c'est le retour de la politique du copinage. Un statutaire normalement, juridiquement, est plus protégé des pressions extérieures de la hiérarchie, des cabinets, des ministres."
Stéphane Jaumonet, secrétaire fédéral de la CGSP-Ministères, renchérit, évoquant des dérives passées :
"Si on passe à la contractualisation, on l'a vécu pendant 136 ans en Belgique, cela permettait aux dirigeants, aux politiques, aux ministres surtout, de faire n'importe quoi. Dans les années 30, il y avait pas mal de pièces de théâtre de boulevard, où les hommes politiques avaient mis leur nièce, c'est à dire leurs maîtresses dans l'administration."
La ministre Galant, pour sa part, justifie la mesure par une volonté "de permettre aux encadrants d'appréhender la question de la performance". Les syndicalistes contestent, affirmant que la staturisation n’empêche pas l’évaluation des performances. Pour Stéphane Jaumonet, la procédure pour mettre fin à un emploi de fonctionnaire en cas d’évaluation défavorable est en réalité plus simple que pour un contractuel :
"Dans la fonction publique et en tout cas ici, au niveau de la Région wallonne. Á partir du moment où vous avez deux évaluations défavorables, vous n'êtes plus fonctionnaire et vous n'avez pas de préavis à prester. Vous ne touchez pas de préavis. Alors que quand vous êtes avec des contractuels qui disent que c'est plus facile, c'est beaucoup plus compliqué. Parce que quand vous mettez un contractuel dehors, vous devez justifier pourquoi vous mettez ce contractuel dehors et vous allez devoir justifier aussi auprès de l'ONEM, pourquoi vous l'avez mis dehors."
La réforme s'inscrit dans le cadre de la déclaration de politique régionale du gouvernement MR/Les Engagés, et il semble peu probable que la ministre fasse marche arrière.