Ce projet divise depuis plus de 30 ans dans la région de Florennes. Depuis 1993, Carmeuse a pour projet d'ouvrir une carrière de 120 hectares à Hemptinne, mais un groupe de citoyens s'y oppose fermement. Ces dernières semaines, le dossier a connu pas mal de rebondissements : permis d'exploiter retiré puis réintroduit, permis accordé pour réhabiliter une ligne de chemin de fer au départ de la carrière... Faisons le point !
Depuis 1993, Carmeuse rêve de transformer un terrain de 120 hectares, situé entre Hemptinne et Saint-Aubin, en carrière. Ce gisement leur permettrait à l'avenir de fournir leur four à chaux situé dans la commune de Fosses-la-ville. Une matière utilisée en construction, sidérurgie ou dans le traitement des eaux potables... Frédéric De Visscher, secrétaire général de l'entreprise, nous en explique les raisons :
Le site d'Aisemont est alimenté par deux carrières. Une carrière est déjà épuisée, l'autre sert à alimenter le siège. C'est même insuffisant parce que nous devons faire venir des pierres d'autres carrières pour l'alimenter. Et à terme, c'est le site d'Hemptinne qui doit alimenter cette usine.
Un projet qui fait se lever de nombreux boucliers. Depuis 1993, le CRAC, Comité Régional Anti-Carrière multiplie les recours en justice. Dernièrement, un recours contre le permis d'exploiter, accordé en 2019, est passé devant le conseil d'Etat qui devait juger de sa légalité. Mais la procédure n'a pas suivi son cours, nous raconte Frédéric De Visscher.
Il y avait un risque d'annulation à cause d'une illégalité supposée dans le permis. Les ministres Tellier et Borsus ont donc jugé préférable de délivrer un nouveau permis, corrigeant ainsi cette illégalité.
Elle concernait la durée maximale légale d'exploitation de la carrière, les 30 ans initiaux deviennent 20 ans renouvelable. Une manière de déclarer forfait jugée légale mais peu éthique par le CRAC, représenté par sa présidente Cécile Reman.
On ne laisse même pas le Conseil d'Etat aller au bout de la procédure. Et puis, on ne sait pas pourquoi, à la va vite, on remet vite un nouveau permis. Parce qu'on ne va pas gagner... on va perdre ! Il ne faut surtout pas perdre, il faut rester. Il faut avancer. De toute façon, c'est perdu puisque le permis a été annulé.
Une fois le nouveau permis accordé, le crac a 60 jours pour intenter un recours. Ce qu'ils devraient faire une fois qu'ils auront pris connaissances des 199 pages du nouveau permis. Même si les arguments du CRAC restent constants.
(Il y a) tout le problème du retour des terres à l'agriculture, celui des nappes phréatiques, la qualité de l'air. Il y a aussi des problèmes d'obsolescence de dossiers puisque les permis se basent sur des études d'incidences qui datent de novembre 2014, et même d'autres dossiers qui sont antérieurs à 2010.
A côté de ces moyens, le CRAC tente aussi de faire annuler le projet de la ligne 136. Une voie de chemin de fer déférée dans les années 80. Frédéric De Visscher fait le point :
Il est nécessaire de remettre le rail en place. Pour cela, un permis d'urbanisme était nécessaire et il a été délivré à Infrabel. Puis il a été annulé en décembre 2023 par le Conseil d'État. Mais le ministre de l'aménagement du territoire a re-délivré, au mois de mars, un nouveau permis à Infrabel pour la remise en état de cette voie ferrée.
Des nouvelles qui ravissent évidemment Carmeuse, qui continue à faire avancer son projet : une route a été créée pour les fournisseurs et le personnel du futur site, 700m de merlons ou buttes-tampons ont été érigés, 2 tirs de mines ont eu lieu... Et cela devrait se poursuivre. Une motivation sans faille que l'on retrouve aussi du côté du CRAC dont l'opposition ne faiblit pas avec les années.