
Alors qu'en 2018 Couvin perdait sa dernière fonderie, les dirigeants italiens de Saint-Roch se retrouvent aujourd'hui devant la justice pour faux, escroquerie et abus de biens sociaux. Le tribunal de Namur examinera dans quelques semaines les pratiques douteuses qui ont conduit à la faillite de l’usine il y a 6 ans.
Le 7 novembre prochain, Couvin verra défiler devant la justice les acteurs d'un drame industriel qui a marqué la région : la chute de Saint-Roch, dernière fonderie sidérurgique de la ville. Aux bancs des accusés, les dirigeants italiens de la société BSG Caldaie a Gas, et l’ancien directeur de l’usine, Luciano Dapra, devront répondre de lourdes accusations : faux en écriture, escroquerie, abus de biens sociaux.
Ces accusations mettent en lumière des pratiques qui semblent avoir été un véritable coup de grâce pour l’usine. Mais au-delà des questions légales, cette affaire symbolise la désindustrialisation de Couvin, qui a vu sa dernière grande entreprise sombrer sous une gestion douteuse, malgré l'espoir que représentait la relance de l'usine en 2017 par ces investisseurs italiens.
Les faits reprochés sont graves. Dès le départ, la société italienne aurait gonflé artificiellement le capital de la nouvelle entité, Fonderie Saint-Roch S.A., avec un apport en nature fictif : des machines inutilisables, évaluées à plus de 800 000 €. Ces équipements, envoyés d’Italie à grand frais, n’étaient en réalité pas opérationnels. Mais ce n'était que le début des irrégularités.
Dans ce naufrage, BSG Caldaie a également fait d'importantes marges en leur faveur. Ils auraient acheté des chaudières produites à Couvin à des prix dérisoires, pour ensuite les revendre à des prix de marché en Italie, précipitant l'usine couvinoise dans une situation financière critique. Ne laissant aucune chance à Saint-Roch, déjà exsangue après une première faillite en 2017. Ironiquement, l’entreprise ne s’est jamais mieux portée qu’après sa mort : rachetée par un client libanais, elle produit toujours ses chaudières... en Italie.
Le parquet de Namur a pris la décision de poursuivre ces dirigeants, mais il est difficile de ne pas ressentir une profonde amertume. Le dernier bastion de l’industrie sidérurgique à Couvin a disparu, laissant derrière lui des emplois perdus et des machines inutiles. Mais une autre question se profile, comment a-t-on pu laisser faire ? Comment la Sogepa, ancien bras financier de la Région wallonne, n’a-t-elle pas vu ces dérives venir ? Pire encore, cette passivité n’est pas un accident isolé. Quelques années plus tôt, c’était la société Thermic (Nestor Martin) qui, elle aussi, s’éteignait dans un schéma similaire, des aides publiques disparues en Espagne cette fois.
Aujourd’hui, Saint-Roch continue d’exister... mais bien loin de Couvin. En Italie, on produit toujours des chaudières sous ce nom emblématique. Une preuve douloureuse que l’activité aurait pu être viable, si elle avait été gérée avec soin et rigueur. Couvin, elle, regarde passer les souvenirs de son glorieux passé industriel, pendue aux décisions de justice. Mais il est trop tard pour les emplois, trop tard pour cette fierté ouvrière qui a fait vivre la ville des décennies durant.
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