Fin des nominations, budget raboté ou encore suppression de la quasi totalité des 7es années dans l'enseignement qualifiant. Autant de griefs qui ont poussé ce mardi les enseignants à faire grève. À Namur comme partout en Fédération Wallonie-Bruxelles, les profs étaient nombreux à se mobiliser aujourd'hui.
Pas facile de se frayer un passage ce matin à l'entrée de l'Institut Sainte-Marie à Namur. La source de cet embouteillage : des enseignants en grève. Parmi leurs inquiétudes, la réforme de l'enseignement qualifiant avec par exemple la suppression de la quasi totalité des septième années de l'enseignement qualifiant (à l'exception de 7e prothésiste, opticien, puériculture). Parmi les grévistes, Fanny Goffin, enseignante à Andenne. Elle craint que le parcours de qualification n'ouvre plus un accès aux hautes écoles à l'avenir :
Je me bats pour mes enfants. Vous imaginez s'ils n'ont plus le droit d'aller en hautes écoles parce qu'ils ont choisi le parcours qualifiant ! Les septièmes vont fermer, vous imaginez ? Il n'y aura plus de spécialisation pour nos élèves. C'est dramatique ! On va avoir un clivage entre les personnes qui sont intellectuelles et manuelles en fait.
La réforme du qualifiant provoquerait la perte de 500 emplois selon les contestataires. Julien Étienne, délégué CSC-Enseignement et professeur à l'IATA :
Rien que dans mon école, on va perdre 120 h en NTPP, ce qui correspond plus ou moins à huit ou dix profs. C'est ce qu'on a calculé en terme d'heures. Mais bien vite on va avoir un impact puisque la suppression de septième technique de qualification va faire que les profs de septième vont redescendre vers les classes de cinquième et sixième. Il y a des profs qui vont donc perdre leur emploi parce qu'il va y avoir un effet cascade.
Dans la foule, on trouve des élèves venus soutenir le mouvement, comme Elouan Gomez, élève à l'IATA :
Je suis là avant tout pour soutenir mes profs qui vont vivre une période compliquée avec cette réforme. Je suis dans une école où il y a beaucoup de qualifiants. On va perdre 400 élèves, il va y avoir des licenciements si cette réforme passe. On espère que cette réforme ne va pas passer. Mais je suis aussi là pour moi, pour mes camarades de classe, parce que c'est aussi nos conditions d'apprentissage qui sont en jeu.
Autre source du courroux professoral, la fin des nominations pour les nouveaux venus au profit d'un contrat à durée indéterminée. Pour le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (MR-Engagés), ce CDI permettrait aux jeunes profs de ne plus vivre la longue période d'incertitude qui précède aujourd'hui une nomination. Période pendant laquelle ils sont par exemple ballottés d'une école à l'autre. Adrien Rosman, délégué permanent SETCa-SEl doute de la faisabilité même de mettre en place des CDI :
Il va d'abord falloir expliquer comment le gouvernement, qui n'arrive pas à l'expliquer lui-même d'ailleurs, va s'y prendre pour faire un contrat à durée indéterminée quand vous avez les vacances d'été ou quand vous avez une population scolaire qui varie d'année en année. Le CDI, c'est de l'enfumage ! Les jeunes profs, ce qu'ils demandent, c'est d'accrocher plus rapidement à l'enseignement, à la carrière. C'est d'avoir des conditions de travail beaucoup plus sûres et de pouvoir porter leur ancienneté ou le régime statutaire d'un réseau à l'autre, d'une école à l'autre. Nous, nous disons que les solutions sont statutaires et non pas sous la forme d'un contrat privé.
Fin de matinée, les profs sont repartis. Mais si le gouvernement MR-Engagés de la FWB reste sur sa position, nul doute qu'ils reviendront encore crier leur mécontentement d'ici la fin de l'année.