La désertification des centres-villes wallons est un problème bien connu, touchant notamment les villes de Philippeville, Couvin, Florennes et Walcourt. Ce lundi 4 novembre après-midi, la Maison de l’Urbanisme de l’Arrondissement de Philippeville (MUAP), sous l’impulsion de la Région wallonne, a organisé une rencontre réunissant élus, fonctionnaires et commerçants. Cette initiative visait à réfléchir collectivement aux moyens de redynamiser le commerce local. Témoignages, ateliers et débats ont permis d’identifier des pistes d'action pour redonner vie aux centres urbains.
Une tendance alarmante pour les centres-villes
La multiplication des cellules commerciales vides et la perte d’attractivité des centres-villes inquiètent de plus en plus.
« Ce qu’on remarque, effectivement, c’est qu’il y a une augmentation du nombre de cellules vides dans les centres-villes de l’arrondissement. C’est une tendance wallonne, et les secteurs du commerce et de l’HORECA souffrent davantage que les autres. Le taux de survie d'une activité entrepreneuriale est d'une sur deux au bout de dix ans, et pour les commerces et l’HORECA, ce chiffre tombe à un sur trois. » Aurélie Marichal, directrice de l’UCM Namur
Face à cette situation, l’UCM, représentante des indépendants et des PME, a rédigé un guide de recommandations pour la législature 2024-2030. Il propose 112 mesures pour revitaliser les centres-villes, notamment par l’amélioration de l’accès aux commerces, l’aménagement d’espaces publics attractifs, le renforcement de la sécurité, et une communication plus efficace entre les parties prenantes.
« Il y a quelques années, on se préoccupait de la désertification de nos villages, et maintenant, c'est la désertification de nos villes. Il y a beaucoup de choses qui s'y passent en termes d'activité, de mouvance, d'occupation et par rapport à la population. C'est une réelle thématique qu'il faut aborder de manière prioritaire. » Rachel Lebon, chargée de mission à la Maison de l’Urbanisme de l’Arrondissement de Philippeville
Favoriser le dialogue entre commerçants et autorités locales
Pour de nombreux commerçants, il est essentiel de créer un espace de dialogue avec les autorités locales afin de partager leurs préoccupations et idées.
« La réflexion est toujours importante, et je pense que ce qui a été souligné de manière intéressante aujourd'hui, c'est de renouer le dialogue entre les commerçants et les représentants publics. Il n'y a pas beaucoup d'espaces où l’on peut se rencontrer de manière formelle pour échanger nos idées et préoccupations communes. » Olivier Rayp, commerçant à Philippeville
À Couvin, par exemple, la commune souhaite mettre en place un agent référent pour faciliter les échanges avec les commerces et PME.
« Dans un premier temps, au niveau de la commune de Couvin, nous aurons un agent référent pour tout ce qui concerne les commerces et les PME. Par ailleurs, prévoir deux rencontres annuelles avec l'ensemble des commerçants et entreprises pour des échanges conviviaux est une idée à réfléchir »
Jehanne Detrixhe, élue bientôt en charge du commerce à la commune de Couvin
Les zonings commerciaux en périphérie : un enjeu controversé
La question des zonings commerciaux en périphérie soulève également des inquiétudes, notamment à Philippeville où un projet est à l’étude.
« Le dossier du centre commercial est assez compliqué parce que cela polarise les positions des uns et des autres. La création d'un centre à l'extérieur, hors de la ville, a souvent pour effet de faire mourir le centre-ville. Je ne pense pas que ce soit la solution. » Olivier Rayp
Une approche globale inspirée par Andenne
Certaines villes, comme Andenne, réussissent cependant à revitaliser leur centre en misant sur une vision à long terme qui allie commerce, culture et qualité de vie.
« Andenne est un exemple inspirant, car ils ont su travailler l'attractivité sans opposer les commerçants du centre-ville aux entreprises de la périphérie. Ils ont mis en place une structure qui accompagne autant les commerçants que les entreprises en y intégrant culture, tourisme et logement. » Aurélie Marichal
En conclusion, bien qu’il n’existe pas de solution miracle, il apparaît qu’une vision cohérente et des actions concertées peuvent peu à peu redonner vie aux centres-villes wallons. Des recommandations, issues de cette journée de travail, seront communiquées d’ici la fin de l’année.