La commune de Profondeville a présenté les grandes lignes de son budget 2025, qualifié de budget de "transition". Avec une majorité reconduite, il s'inscrit dans la continuité de celui de 2024, dans un contexte marqué par des incertitudes financières.
Le conseil communal de la nouvelle législature à Profondeville n'a pas apporté de surprises majeures. La majorité reconduite (MICS-Ecolo) a détaillé les contours d'un budget qualifié de "transition", en attendant que la déclaration de politique communale, prévue en janvier, définisse les nouveaux grands axes.
Un budget équilibré, sous conditions
Le budget 2025, comme le prévoit le cadre légal, est à l’équilibre. Toutefois, cet équilibre repose sur une aide régionale "Oxygène" budgétisée à plus d'1,4 million d’euros. Jean-Sébastien Detry, échevin des finances (MICS) :
"Ce montant permet de compenser les surcoûts liés à des postes structurels comme la zone de secours, la zone de police, les pensions et certains enjeux
de précarité en lien avec notre CPAS."
Cependant, l'opposition reste vigilante sur ce point. François Piette, chef de file du groupe PEPS, exprime ses doutes concernant cette aide régionale :
"Le Plan Oxygène n'est pas garanti dans son intégralité, donc il faudra vérifier si nous allons réellement la somme prévue. Si ce n'est pas le cas, cela risque de poser de réelles difficultés budgétaires."
Le budget ordinaire s’élève à 18 millions d’euros, couvrant les dépenses courantes et les services communaux. Quant au budget extraordinaire, dédié aux investissements, il atteint 3 millions d’euros. Ce montant concerne principalement des projets reportés de 2024, certains ayant pris du retard ou nécessitant encore des ajustements. De son côté, l'opposition a validé le budget ordinaire et s'est abstenue sur les investissements. François Piette justifie ce choix nuancé :
"Nous préférons attendre de voir les projets arriver, point par point. En tenant compte des enjeux financiers au moment de chaque projet, nous déciderons si nous les soutenons ou non."
Des priorités budgétaires en attente
En raison de son caractère transitoire, le budget 2025 ne définit pas encore les axes prioritaires ni les montants alloués, qui restent en cours d’évaluation. Jean-Sébastien Detry explique :
"Nous n'avons pas eu l'occasion de traduire dans le budget 2025 les nouvelles priorités car celui-ci a été établi au moment du scrutin électoral. Nous avons donc pris l'option, comme c'est le cas dans de nombreuses communes, d'avoir un budget de fonctionnement courant, en attendant que l'on puisse établir notre déclaration de politique communale, qui apparaitra au mois de janvier. C'est donc lors des prochains travaux budgétaires que nous pourrons traduire les nouveaux accents de cette majorité."
Cependant, quelques lignes directrices émergent déjà. La commune entend maintenir ses services et poursuivre ses investissements dans les voiries, les trottoirs et la rénovation énergétique des bâtiments publics.
Pas de hausse fiscale pour 2025
La majorité a choisi de préserver la population en évitant toute augmentation des taxes relatives à l'IPP et au précompte immobilier. Cependant, la révision des règlements fiscaux, prévue en fin d’année prochaine, pourrait modifier cette donne à plus long terme, en fonction des signaux émanant des niveaux régional et fédéral. François Piette, de son côté, reconnaît la position de la majorité mais reste prudent pour l’avenir :
"Nous verrons bien comment les choses évolueront. Si la situation devient tendue, il faudra soit augmenter les taxes, soit réduire les dépenses. Ce sont des choix qui devront être faits."
Des incertitudes financières persistantes
Grâce à une gestion prudente depuis 2018, les réserves et provisions de la commune ont augmenté de 900 000 euros. Pourtant, pour l'échevin des finances, l'avenir reste très incertain :
"Nous bénéficions encore des aides régionales 'Oxygène' jusqu’en 2026 et avons constitué des réserves, mais qu’en sera-t-il après ? Nous devons composer avec un avenir incertain, où des arbitrages difficiles pourraient s’imposer si les soutiens régionaux et fédéraux ne se confirment pas. Nous avons besoin d'avoir une vision claire sur ce qui nous attend à l'horizon 2027."
François Piette (PEPS) partage cette inquiétude en mettant l'accent sur les lourdes charges financières de la commune :
"Il y a beaucoup de frais liés aux dotations de transfert. Quand on voit les dotations au niveau de la zone de police, de la zone de secours, tout ce qui concerne les pensions des communes, ce sont des sommes importantes. Une fois ces charges réglées, il restera peu de marge pour d’autres dépenses. Si le Plan Oxygène ne couvre pas tout, la situation financière deviendra encore plus difficile."
Avec ces contraintes, la commune se donne trois mois pour affiner les montants des investissements à venir et établir une vision claire des priorités.