Caroline Lequeut vient de Philippeville, elle est logopède, elle aide dans la bergerie familiale de Vodecée, elle est apicultrice... Mais surtout, c'est une passionnée de lecture et d'écriture. Depuis 2021, elle a publié 5 albums grâce à sa propre maison d'édition. Il y a quelques jours, elle les a présenté devant les élèves de l'école de Fagnolle. Une matinée où ils ont pu écouter, lire et aussi raconter leurs propres histoires par le dessin.
Dans la petite école de village de Fagnolle, la matinée est dédiée aux histoires. Et pour les raconter, qui de mieux que celle qui les invente... Caroline Lequeut vient, elle aussi, de la commune de Philippeville. Et les mots qu'elle a écrit dans "Mon arc-en-ciel", ont une importance très particulière pour elle.
C'est un livre qui traite du deuil péri-natal, en tout cas je l'ai écrit pour ça. Par contre, les enfants à qui je le lis ne voient pas spécialement ça. Ils voient un futur petit frère ou petite soeur, ils voient un ami imaginaire, ils voient plein de choses dans le livre... Mais moi c'était un peu ma thérapie sur ce coup-là.
Une façon d'exorciser des moments difficiles qui a été perçue différemment selon les enfants. Alice, par exemple, l'a perçue comme une histoire sur les spécificités de chaque personne, ce qui la rend différente des autres. Des différences qui ont ensuite été couchées sur papier. Peinture, pastel, marqueur... les élèves de primaire et de maternelle ont pu à leur tour représenter leur propre arc-en-ciel, avec les couleurs qui les définissent. L'idée sous-jacente, pour Caroline Lequeut, c'est qu'ils se rendent compte qu'ils peuvent, eux aussi, écrire leurs propres histoires.
L'idée c'est de dire aux enfants que ce sont eux-mêmes des auteurs. Qu'ils sachent écrire, lire ou pas. Par exemple ici, je suis avec des maternelles, les maternelles peuvent très bien inventer des histoires. Et pour moi, être un auteur, c'est ça, c'est avant tout inventer des histoires !
Il faut dire que cela a rythmé toute l'existence de Caroline, bien avant qu'elle ne publie son premier livre jeunesse en 2021.
J'ai toujours écrit. Pour moi, d'abord, enfant. Et puis pour mes enfants, ma famille... Comme je suis logopède de formation, j'ai montré mes histoires à mes petits patients. Ils ont aimé, mes collègues également. Puis tout le monde m'a dit : "si tu sors tes livres, moi je t'en achète !". Et comme je n'ai pas osé aller trouver des maisons d'édition, j'ai discuté avec mes parents et on a créé une maison d'édition "Bioferm'art"
Logopède à temps plein, auteure, éditrice... on peut dire que Caroline est polyvalente, d'autant qu'on peut ajouter à cette liste l'illustration de ses livres.
Quand j'imagine l'histoire, j'ai directement le texte d'un côté et les illustrations de l'autre. Donc après, j'ai plein de recherches à faire, dans les textures, dans les matières... Je fais beaucoup d'essais parce que je ne suis pas une peintre née, mais j'essaye de faire avec mes difficultés. Je grossis les personnages, je n'aime pas trop les bras et les jambes, donc je fais des personnages sans patte... Et ça donne aussi un cachet à mon travail. Et c'est vraiment ce que j'aime bien développer !
Parmi ses personnages sans patte, les trois petits points, qu'elle a conté aux plus petits.
A la base, c'est mon petit garçon qui avait un mouton qui s'appelait trois petits points. Et comme j'en entendais parler toute la journée, un jour je me suis réveillée pendant la nuit et je me suis dit "Ca y est ! J'ai une histoire !". Et comme j'adore les livres jeunesse et en particulier les contes traditionnels, j'avais vraiment envie que mes trois petits points du fond de leur livre, puissent partir en voyage dans les contes. Ca se termine aussi sur une note un peu plus personnelle, parce que les personnages, qui au départ étaient identiques, se transforment en chat, en mouton, en coq... Parce qu'ils ont envie de grandir différemment les uns des autres. Et je trouve que c'est important de dire que dans un endroit où on se sent en sécurité, où on peut se sentir bien, on peut bien grandir. Le message est trouvé par les enfants, ou pas, mais j'aime bien transmettre des valeurs comme la confiance en soi, l'estime de soi, mais aussi des valeurs d'amitié, tout cette idée "d'oser", le regard des autres aussi...
Des messages portés dans les 5 livres que Caroline a déjà sortis. Mais aussi dans les 2 qui devraient arriver prochainement. En parallèle, elle souhaiterait organiser des visites de la bergerie familiale autour de ses histoires ou être publiée dans une grande maison d'édition. Preuve que dans les livres, comme dans la vie, l'imagination et les rêves, c'est ce qui fait avancer !