Le public, mais aussi sa famille, ses proches et des professionnels du monde de la musique classique ont rendu un dernier hommage à Jodie Devos ce samedi. La chanteuse est décédée des suites d'un cancer foudroyant à l'âge de 35 ans. Une cérémonie d'hommage était organisée à la cathédrale Saint-Aubain. Au cours des différents discours, on a évoqué toutes les qualités professionnelles mais aussi profondément humaines de l'artiste, partie trop tôt.
Sa famille, des amis, des chanteurs, des musiciens, mais aussi des personnes anonymes. Ils ont été nombreux à vouloir rendre un dernier hommage à Jodie Devos. Un dernier moment de recueillement et des discours empreints d'émotion:
Tous ici, nous nous souvenons de notre première rencontre avec Jodie. Tous, nous nous souvenons de la dernière fois que nous l'avons vue. Entre ces deux moments, il y a autant d'histoires particulières qu'il y a de personnes rassemblées ici. Mais il y a une chose qui unit toutes ces histoires: c'est notre certitude absolue d'avoir eu l'immense privilège de côtoyer une femme extraordinaire et une artiste exceptionnelle.
La cathédrale Saint-Aubain a résonné une dernière fois au son de la voix de la soprano belge, avec un des moments marquants de sa carrière. La finale du concours Reine Elisabeth en 2014, qui l'a projetée sur l'avant de la scène internationale. Depuis, Jodie Devos n'a cessé de grandir. Un succès qui la surprenait elle-même, comme le souligne Alexandre Dratwicki, directeur artistique du Centre de musique romantique française à Venise:
Elle avait réussi à intéresser, à captiver, à séduire les mélomanes d'opéra, les fans d'opéra de tous les pays. Elle avait été au Canada tout récemment. Elle chantait dans tous les pays d'Europe. C'est quelqu'un qui, par son sourire et aussi par cette tessiture vocale très particulière en tant que soprano colorature (elle avait des notes suraiguës que très peu de gens avaient) a réussi à populariser d'une certaine manière l'opéra, en tout cas à le rendre toujours joyeux, lumineux. Et de fait, les rôles qu'elle interprétait, c'était aussi, pas toujours, mais souvent des rôles joyeux, pétillants, qui lui correspondaient vraiment.
Au-delà de ses qualités professionnelles, beaucoup ont tenu à souligner ses qualités personnelles. Jodie Devos était appréciée de toutes et tous. Didier Martin, directeur du label Alpha Classics, son label musical, en parle avec émotion:
Tout d'abord, c'était un talent artistique et vocal absolument exceptionnel et extrêmement rare. C'était aussi une personne extraordinaire. Quand on dit qu'elle était aimée de tout le monde, ce n'est pas un mot en l'air, c'est vraiment une réalité. C'était quelqu'un qui était gentille, qui était ouverte, qui était aimée de ses collègues, qui était aimée du public.
Jolie, Devos faisait l'unanimité. Elle a aussi rendu la musique classique et l'art lyrique accessible à tout le monde. Jean-Marie Marchal, le directeur du CAV&MA et du Grand manège à Namur, l'a connue à ses débuts et l'a accompagnée tout au long de sa carrière:
C'est vrai qu'il y a des idées comme ça qui circulent, comme quoi le classique est difficilement abordable. Moi qui fait de la musique classique, je ne suis évidemment pas d'accord. Mais c'est vrai que pour faire passer le message, on a besoin de personnes extraordinaires qui ont une aura particulière, et qui peuvent vraiment faire sentir à tout le public, qu'il soit amateur ou pas, l'émotion que porte la musique. Elle était au départ très intéressée par la variété (elle chantait Céline Dion dans sa jeunesse) et par le jazz. Elle est venue au classique ensuite. Elle a gardé toute la musique en elle. Et donc elle pouvait véritablement faire passer la magie de la musique à tout un chacun, à n'importe quel moment.
La Belgique perd une grande artiste. Namur et Neufchâteau, sa région d'origine, perdent une de ses plus belles ambassadrices. Le public reste sans voix, mais la sienne résonnera longtemps encore au firmament de la musique...