Graziano Diana est expert financier au Parquet de Namur. Depuis quelques semaines, une charge supplémentaire lui est confiée, celle de désigner les assesseurs et présidents de bureaux de vote et de dépouillement pour les élections de ce dimanche. C'est la sixième fois qu'il relève ce défi mais, cette année, la tâche s'avère plus compliquée. Vous allez l'entendre, de plus en plus de personnes déclinent leur convocation pour des motifs qui ne sont pas toujours recevables.
2 500 convocations environ ont été envoyées pour composer pas moins de 135 bureaux de vote et 140 bureaux de dépouillement. Un véritable défi que Graziano Diana tente de relever depuis plusieurs semaines:
"J'essaie de faire mon possible. Entre les refus, les certificats, les gens qui veulent bien, les volontaires qui se font connaître."
Les personnes convoquées sont obligées de répondre et ont 48 heures pour se justifier. Les départs en vacances, par exemple, ne sont pas un motif valable, les dates de scrutin étant connues bien à l'avance. Ici, seules deux bonnes raisons sont recevables.
"Alors moi je suis les consignes du Président, Monsieur De Valkeneer. Les deux motifs qu'il accepte, c'est un certificat médical ou une attestation de l'employeur. Le reste, je dois le refuser. Ce n'est pas évident parce qu'il y a beaucoup de situations différentes. Moi, j'ai eu la maman qui est toute seule avec ses deux enfants en bas âge, qui ne sait pas les faire garder parce qu'elle n'a plus ses parents. Je reste humain aussi et je me débrouille. Je vais alors essayer de trouver d'autres personnes qui ont moins de difficultés à assumer leur fonction".
Il faut donc jongler avec toutes ces réalités.
"On me dit non, je ne serai pas là, je suis en vacances, c'est comme ça. Et si ça ne vous plaît pas, c'est la même chose, je ne viendrai de toute façon pas. J'assumerai les conséquences même si j'ai des transactions, ou une amende, ou si je suis cité dans un tribunal. Il y a aussi le certificat pour une seule journée, pour le dimanche,
avec la mention "ne peut pas assurer la fonction de assesseur". Je ne savais pas que c'était une maladie. Apparemment oui. J'ai beaucoup d'enseignants qui me téléphonent en disant qu'ils sont en examen. Ce qui est vrai. Sauf que le Président est enseignant aussi à l'université, qu'il aura des corrections à faire aussi et qu'il sera là dimanche de 9 h du matin à minuit".
Pour le dépouillement, le code électoral prévoit la désignation prioritaire des juges, des avocats, des huissiers et des notaires. Et, concernant les assesseurs, on se tourne souvent vers les enseignants et les fonctionnaires.
"Et là, l'explication que je donne, parce qu'on me le reproche, c'est que le premier employeur du pays, c'est l'État. Donc forcément qu'il y a beaucoup plus de personnes qui sont dans liste des gens désignés, parce que forcément, ils sont enseignants ou fonctionnaires".
L'identité des personnes qui ne se présenteront pas est susceptible d'être transmise au Procureur du roi qui décidera de poursuivre ou non. Une transaction de 350 euros peut être réclamée et, en cas de non paiement, une procédure pénale peut être entamée.