Violences familiales : les médecins généralistes en première ligne pour les détecter


Face aux violences familiales, les médecins généralistes constituent une première ligne de contact primordiale. En tant que médecin, comment détecter de manière proactive ces violences ? Comment apporter un soutien médical et psychologique approprié aux patients concernés? Autant de questions abordées dans un atelier du premier congrès de médecine générale qui s'est tenu la semaine passée à Namur.

Les femmes, les jeunes, les personnes handicapées ou encore porteuses d'une maladie chronique. Autant de profils qui sont plus exposés aux violences familiales. Des violences pas toujours faciles à détecter. Anne-Marie Offermans, sociologue au département de médecine générale à l'ULB, qui a donné une formation lors d'un congrès de médecine générale à Namur :

Ces violences ne sont pas pas faciles à détecter. L'idée, c'est que ce soit les médecins généralistes qui y pensent puisqu'on sait que 85% des personnes victimes attendent que les professionnels abordent la question.

Comment détecter les violences familiales ?

Par rapport à ces violences, quels sont les indices qui peuvent mettre la puce à l'oreille du médecin généraliste ? Isabelle Lupant, médecin au planning familial "Le blé en herbe" à Namur : 

Cela peut être des patients qui reviennent régulièrement et dont on ne comprend pas toujours bien les plaintes. Cela peut être des insomnies. En ce qui concerne les enfants, on peut être attentif à l'absentéisme scolaire. On le sait moins mais des enfants qui sont trop parfaits, cela peut être un indice également.

Mettre des mots sur les maux

Pour aider les patients à admettre qu'ils sont victimes de violence, les formatrices de l'atelier "Les violences familiales, et si on en parlait?" recommandent au médecin de laisser le patient utiliser de lui-même le mot violence. Anne-Marie Offermans, sociologue au département de médecine générale à l'ULB : 

Souvent, les personnes ne se reconnaissent pas comme victimes de violence. Et c'est important d'y aller à leur rythme, dans un lien de confiance. C'est surtout ça qui va amener à la révélation. Il est important que ce soit la personne victime qui utilise d'elle-même le terme violence.

Une idée soutenue par Isabelle Lupant, qui travaille dans un planning familial namurois : 

Le fait que la patiente utilise ce mot "violence", cela lui permet quelque part de prendre conscience de ce qu'elle vit. Cela peut l'aider également à voir les choses qu'elle veut ou peut mettre en place. 

Détecter des violences familiales exige, entre autres, d'établir un climat de confiance avec le patient. Françoise Laboureur est médecin généraliste à la maison médicale des Arsouilles à Namur. Une maison qui invite le patient à ne plus venir accompagner à partir de quatorze ans au consultation :

Venir seule permet de rendre la parole plus libre en évitant par exemple que la patiente soit toujours accompagnée par une personne qui pourrait être l'auteur de faits de violences familiales. 

Secret médical en délicatesse

Face à ces violences familiales, le médecin peut parfois se retrouver dans une situation délicate. S'il constate des violences familiales, doit-il avertir la police ou doit-il respecter son secret médical ? Réponse de Marie-Hélène, assistante en médecine générale :

Effectivement, il y a un dilemme. En tant que médecin, le secret médical est censé toujours être prévalant pour garder cette relation de confiance avec le patient. Dans certains cas, effectivement, on peut outrepasser ce secret pour des raisons de nécessité. Mais alors il faudra se justifier si jamais, par après, on a des plaintes à notre encontre.

Les médecins généralistes en sont bien conscients. Ils ont un rôle important à jouer pour détecter les violences familiales. Eux qui sont en première ligne et qui suivent souvent leurs patients pendant de très longues années.
 


Sur le même sujet

Recommandations

Image
Cancer du sein : le CHRSM renforce la prévention avec une campagne vidéo

Cancer du sein : le CHRSM renforce la prévention avec une campagne vidéo

Le CHRSM lance une campagne avec 6 vidéos pédagogiques pour sensibiliser au dépistage du cancer du sein. Elles expliquent le parcours de soins, de la mammographie aux traitements. La clinique du sein des sites Sambre et Meuse assure un suivi spécialisé.
Image
Une application pour lutter contre la surconsommation d’alcool testée à Éghezée

Une application pour lutter contre la surconsommation d’alcool testée à Éghezée

La consommation excessive d’alcool est un fléau qui affecte la santé et les relations humaines. Face à ce problème, un couple d’Éghezéens a décidé d’agir en développant une application visant à limiter la consommation d’alcool.
Image
Covid il y a 5 ans: les hôpitaux sont-ils prêts pour une nouvelle pandémie ?

Covid il y a 5 ans: les hôpitaux sont-ils prêts pour une nouvelle pandémie ?

Cela fait en effet 5 ans exactement que l'Organisation Mondiale de la Santé déclarait officiellement le Covid comme pandémie mondiale. Retour sur cette période dans les hôpitaux.
Image
Il y a 5 ans, le covid venait chambouler notre quotidien

Il y a 5 ans, le covid venait chambouler notre quotidien

Mars 2020, la Belgique n'échappe pas au coronavirus. Retour sur cette pandémie qui a perturbé pendant plus d'une année nos vies. Hôpitaux, maison de repos, écoles, restaurants, entreprises... Autant de secteurs impactés par ce virus.
Image
Silenrieux : Le centre médical des Lacs rouvre ses portes !

Silenrieux : Le centre médical des Lacs rouvre ses portes !

En août, le centre médical des Barrages, à Silenrieux fermait ses portes. Personnel soignant et patients étaient pourtant au rendez-vous depuis son ouverture. Alors, l'équipe s'est retroussée les manches. Et le centre des Lacs est à nouveau accessible !
Image
Pour vivre "libre d'alcool"

Pour vivre "libre d'alcool"

Février est, pour certains, le mois sans alcool. C'est l'occasion de réfléchir à sa consommation d'alcool, et parfois à sa dépendance. Pour en parler, nous recevons David Fontaine, auteur du livre "La méthode SANEFIT pour vivre une vie libre d'alcool".
Image
Le parking Léopold en phase de désamiantage

Le parking Léopold en phase de désamiantage

On procède au désamiantage du parking Léopold. Fermé depuis novembre 2023, il est voué à être détruit. Mais avant cela, il faut retirer toute l'amiante contenue dans la construction. Nous avons pu visiter les lieux.
Image
Pour soigner le corps mais aussi l'esprit...

Pour soigner le corps mais aussi l'esprit...

Direction Vaucelles (Doische) pour découvrir "Vie happy", où l'on propose différents soins et thérapies. À côté des traditionnels massages, on parle ici notamment de constellations familiales, de PNL, d'hypnose, ou encore de numérologie. Découverte.
Image
"Classement sans suite" : une pièce pour éveiller les consciences aux violences sexuelles

Classement sans suite : une pièce pour éveiller les consciences aux violences sexuelles

"Classement sans suite" est une pièce engagée et nécessaire. A tel point, qu'elle a été récompensée par le label I.M.P.A.C.T. de la Communauté Française de Belgique en 2024.
Image
Interdiction de fumer à l'entrée des hôpitaux

Interdiction de fumer à l'entrée des hôpitaux

Le gouvernement fédéral a décidé d'interdire le tabac à l'entrée de certains établissements. C'est le cas par exemple des hôpitaux. Une mesure qui entrera en vigueur dès ce 1er janvier 2025. Au CHR de Namur, des aménagements ont déjà été réalisés.
Image
Deux salles flambant neuves au bloc opératoire de la clinique St-Luc de Bouge

Deux salles flambant neuves au bloc opératoire de la clinique St-Luc de Bouge

La clinique St-Luc de Bouge vient de rouvrir deux salles de son bloc opératoire. Deux salles entièrement rénovées et mises au goût du jour. Entre nouvelles technologies et économie d'énergie, les hôpitaux sont soumis à des investissements lourds.
Image
Voici NORA, la nouvelle "secrétaire" de votre médecin

Voici NORA, la nouvelle "secrétaire" de votre médecin

Quand vous êtes malade, vous appelez généralement le secrétariat de votre médecin. Une secrétaire prend alors votre rendez-vous, ou répond à vos questions. Chez Burogest, ce travail est en partie pris en charge par une intelligence artificielle.
Image
Nouveau site et nouveau succès pour le Relais pour la vie

Nouveau site et nouveau succès pour le Relais pour la vie

Le Relais pour la vie de Namur a eu lieu ce week-end à l'institut Sainte-Marie de Jambes. Organisé par la Fondation contre le cancer, cet évènement réunit des équipes qui se relaient durant 24 heures pour marcher, courir, et surtout soutenir des battantes et des battants, c'est-à-dire des personnes qui suivent ou ont eu un traitement contre un cancer. L'objectif est aussi de récolter des fonds. Et sur ce plan, on peut déjà dire que l'édition 2024 est un succès.
Image
La maladie de la langue bleue : les éleveurs en difficulté

La maladie de la langue bleue : les éleveurs en difficulté

La fièvre catarrhale (la maladie de la langue bleue), continue de sévir dans les élevages. La FUGEA, le syndicat agricole, réclame une aide du gouvernement wallon. De nombreux éleveurs seraient au bord de la faillite. À Sart-Saint-Laurent, nous avons rencontré Marc Remy, éleveur d'agneaux de boucherie. Il dit avoir limité la casse pour l'instant mais il reste très inquiet.
Image
Florennes : l'eau plus chère suite aux PFAS ?

Florennes : l'eau plus chère suite aux PFAS ?

Lors du débat électoral de la commune de Florennes, les trois listes ont échangé autour d'un sujet de santé publique. Pour rappel, en 2023, des traces de PFAS étaient repérées dans l'eau de distribution. Les normes qui seront appliquées dès 2026 fixent le seuil maximal à 100 nanogrammes/litre. On en comptait 98 au captage de Flavion et 110 au captage de Corenne. De quoi inquiéter les citoyens. Des filtres à charbon devraient être installés par la base aérienne afin d'éviter que ce phénomène ne se reproduise. Mais cela sera-t-il suffisant ? Et surtout, cela risque-t-il d'augmenter le coût de l'eau pour les Florennois ? On découvre un extrait du débat.