Et bien avant les éoliennes, les moulins abondaient notamment dans les villages d'Eghezée, Fernelmont et La Bruyère. Le sujet a intéressé le Vedrinois Emile Pirard qui vient de publier un ouvrage.
Les moulins ont disparu de notre paysage. Il n'en reste quasi pas de traces. C'est donc un travail d'archives et de recherche qu'a mené Emile Pirard pour retracer l'histoire des moulins des trois communes d'Eghezée, La Bruyère et Fernelmont. Pour lui, c'était aussi avant tout un hommage à son grand père. Il nous parle de lui :
Il s'appelait Albert Pirard et, au début des années 1920, il était domestique au moulin à eau de Wasseiges. Il me racontait que c'était un boulot extrêmement pénible parce qu'il manipulait toute la journée des sacs de farine de 100 kilos.
Les premiers moulins dans cette région sont des moulins à eau qui s'installent sur le cours de la Mehaigne et de ses affluents. Celui du château de d'Huy, par exemple, est déjà représenté au début du XVIIᵉ siècle. Celui du château de Noville-sur-Mehaigne est l'unique survivant. Ces moulins étaient à l'époque dépendants des seigneurs qui prélevaient un droit de mouture.
Plus tard, au XIXᵉ siècle, ce sont les moulins à vent qui se multiplient dans nos campagnes sous la période hollandaise.
Et les Hollandais veulent implanter énormément de moulins à vent chez nous, sous un prétexte fallacieux. Parce que ce qu'ils voulaient, en fait, c'était une taxe sur la mouture. D'ailleurs, c'est une taxe qui a fortement mécontenté le monde paysan. Et puis, après les Hollandais, en 1830, c'est l'indépendance de la Belgique, et on assiste à l'expansion des moulins comme finalement de toute l'initiative privée.
Ces moulins sont le plus souvent en bois. Ils sont exploités par le meunier qui est une figure importante de la vie des villages.
Tous nos villages étaient bien animés par ce qu'on appelait la tournée du meunier. Donc le meunier, il venait avec sa carriole et ses chevaux, Il faisait le tour du village et récoltait les sacs de blé à moudre. Et puis il allait les moudre et trois ou quatre jours après, il revenait et ramenait la farine. Et cela créait bien entendu une belle animation en zone rurale. Image
Mais il n'y a pas que des moulins à grains à l'époque, il y a aussi les moulins à huile.
Ces moulins s'appelaient des stordoirs. Si vous allez dans la commune de Saint-Denis, il existe encore la rue du Stordoir et la ferme du Stordoir. On cultivait une petite parcelle de colza autour de la maison et on en faisait de l'huile, mais elle n'était pas alimentaire. Elle servait à l'éclairage dans ce qu'on appelait des "crassets". C'est l'équivalent du quinquet.
La plupart des moulins cesseront leur activité à partir de 1870, avec l'apparition des minoteries industrielles comme celle de Beez par exemple. L'histoire passionnante des moulins est racontée dans cet ouvrage qui ramène au grand jour ce patrimoine rural essentiel autrefois.