L’Institut royal du patrimoine artistique (IRPA) met en lumière le patrimoine de notre pays à travers son concours annuel, le "Challenge Patrimoine". Cette année, sept trésors architecturaux ont été sélectionnés, et le public est invité à voter pour leur favori. Parmi eux, le jubé de Charles-Quint, unique en Wallonie, situé dans la basilique Saint-Materne de Walcourt. L'Abbé Jean Tornafol nous fait découvir cette œuvre rare et chargée d’histoire.
Le jubé Charles-Quint : une dentelle de pierre flamboyante
Le jubé de Walcourt, attribué à une donation de l’empereur Charles-Quint, est un témoignage exceptionnel de l'architecture gothique tardive, dite gothique flamboyant. Chef-d’œuvre de pierre ciselée, il porte les armes impériales de l’Empire, symbolisées par l’aigle bicéphale, et les armoiries personnelles de Charles-Quint. Ce jubé est dédié à la Vierge Marie, figure centrale de la basilique.
"L’église de Walcourt a le privilège de posséder ce que l'on appelle communément le jubé Charles-Quint, une dentelle de pierre où l’on voit toute la finesse du gothique flamboyant", explique l’abbé Jean Tornafol.
Un patrimoine unique en Wallonie
Le jubé de Walcourt est le seul de son genre en Wallonie, bien qu’on en trouve encore dans certaines églises en Flandre et en Bourgogne, témoins des anciennes terres de l’empire de Charles-Quint. Les jubés étaient des tribunes placées entre la nef et le chœur des églises, permettant aux orateurs de s’adresser à l’ensemble des fidèles, avant l’usage des microphones et haut-parleurs.
"Un jubé, c'est aussi une sorte de mur spirituel, comme l’iconostase en Orient, marquant la séparation entre la nef des fidèles et le chœur de la célébration", précise l’abbé Tornafol.
En plus de sa rareté, le jubé de Walcourt impressionne par ses ornements : des statues finement sculptées, dont le groupe central représente la Nativité de la Vierge Marie. Sainte Anne y est représentée tenant Marie dans ses bras, entourée de servantes, un travail d’une qualité et d’un détail remarquables. La pierre d’Avesnes, utilisée pour sculpter l’ouvrage, contraste magnifiquement avec la polychromie des statues, conférant à l’édifice un aspect à la fois majestueux et aérien.
Un mystère non résolu
Malgré l’intérêt qu’il suscite, plusieurs aspects de la création du jubé demeurent mystérieux. On ignore encore qui l’a sculpté ou commandé. De plus, les statues polychromes qui ornent la tribune sont en pierre, à l’exception de deux, en bois, pour lesquelles il reste à déterminer si elles ont été ajoutées pour remplacer des éléments manquants.
"À ce jour, les archives ne nous permettent pas d’identifier précisément qui a commandé ou sculpté ce monument, mais peut-être aurons-nous un jour les réponses," ajoute l’abbé.
Un entretien nécessaire pour le jubé
Le Challenge Patrimoine de l’IRPA, organisé à l’occasion du bicentenaire de la Belgique, vise à promouvoir les œuvres nécessitant restauration ou entretien. Le jubé de Walcourt, avec ses 500 ans d’histoire, pourrait bénéficier de travaux pour raviver les couleurs de ses statues et en préserver la structure. Le monument ayant accumulé poussière et usure, un vote en sa faveur permettrait de financer sa conservation grâce aux 25 000 € attribués par l’IRPA au projet gagnant.
Comment voter ?
Soutenez le jubé de Walcourt et contribuez à sa préservation pour les générations futures ! Vous avez jusqu’au dimanche 16 février 2025 pour voter, sur le site de l’IRPA : www.kikirpa.be.