Le Festival des Métiers techniques à Andenne se tient dans un contexte particulier. Le gouvernement de la FWB veut réformer l'enseignement qualifiant. Une réforme qui, selon ses détracteurs, altèrera la qualité de la formation.
Susciter des vocations vers les métiers techniques, c'est l'objectif de ce salon organisé par PromAndenne. Un objectif qui a tout son sens vu les pénuries de main d'œuvre dans ce domaine.
Thierry Ney, porte-parole du Forem :
Le premier secteur, qui est en pénurie depuis des années, c'est évidemment le secteur de la construction, avec près d'un tiers des métiers qui composent la liste des métiers en pénurie. Et puis celui du secteur de l'industrie.
"De petits groupes sont en plus"
Johan sensibilise des enfants à la soudure dans le cadre de ce festival. Cet enseignant à la retraite s'interroge sur la réforme de l'enseignement qualifiant concoctée par la majorité MR-Engagés. Cette réforme prévoit la suppression de la quasi totalité des septièmes années, mais aussi la fin d'option comprenant moins de dix élèves :
Dans l'enseignement technique et également dans l'enseignement professionnel, il y a bien souvent des travaux pratiques qui nécessitent évidemment presque un enseignement individualisé. Si on supprime les classes où il y a moins
de dix élèves — ce qui m'est souvent arrivé dans ma carrière — inévitablement, on s'en occupera beaucoup moins.
Dans un atelier, les enfants sont sensibilisés aux métiers de l'électricité. Électricien, un profil que les entreprises ont du mal à trouver. Pierre Massin le confirme, lui qui travaille chez Volta, le secteur de l'électrotechnique :
Nous employons à peu près 40 000 personnes. On a besoin, à l'heure actuelle de plus de 3 000 électriciens.
Et quand on lui demande si la réforme de l'enseignement qualifiant risque d'augmenter la pénurie dans les métiers techniques, voici sa réponse :
L'avantage des différents systèmes d'enseignement (il y a l'alternance aussi), c'est qu'ils apportent chaque fois des compétences et des manières d'acquérir ces compétences différemment. Mais le qualifiant est très important parce qu'il donne une base beaucoup plus théorique avant d'attaquer le métier manuel.
Suppression de la septième, une aberration?
La suppression des septièmes années dans le qualifiant, à quelques exceptions, risque pour nos interlocuteurs d'altérer les compétences des jeunes. Pierre Massin, coach sectoriel chez Volta :
C'est certainement une mauvaise chose. Je vous explique. Il y a des filières qualifiantes qui, dans une septième technique, apprennent vraiment le métier que les jeunes vont devoir exercer pendant toute leur carrière.
Johan, enseignant à la retraite, ne comprend pas non plus la logique de supprimer la septième année :
En septième année, on leur donne encore davantage de formation en entreprise. Maintenant, si on ne leur donne même plus cette possibilité-là, ils vont être cloisonnés dans une formation qui est très stricte et sans avoir de vue de l'entreprise.
Une vision de l'entreprise qui peut s'acquérir davantage dans l'enseignement en alternance, l'alternance qui propose plus de stages. Accroître l'enseignement en alternance chez les jeunes, c'est d'ailleurs ce que désire la bipartite MR-Engagés qui gouverne à la fois en Wallonie et à la Fédération Wallonie-Bruxelles. Mais il ne faudrait pas que cela se fasse au détriment de l'enseignement du qualifiant scandent les défenseurs de l'enseignement qualifiant.