Le conseil communal d'Andenne s'est penché ce lundi soir sur le projet d'Anton. Un énorme projet qui se développerait à l'entrée d'Andenne, côté Namur, sur un terrain de 52 hectares situé le long de la Nationale 90. Le projet prévoit la construction d'une nouvelle caserne des pompiers, de bâtiments administratifs, d'une crèche, ou encore de l'extension de l'Andenne Arena. Et puis, on parle également de la construction de centaines de logements. Bref, c'est une nouvelle ville à côté du centre-ville qui est envisagée.
Trois heures et demie de débat, l'exposé d'un expert du Bureau économique de la Province de Namur, et des interventions dans tous les sens. C'est clair, le projet Danton, c'est LE projet des 30, 40, voire 50 prochaines années. Et cela valait bien un débat enjoué et finalement correct. Il faut dire que les chiffres sont impressionnants. Avec ce terrain de 52 hectares, la ville d'Andenne veut quasiment doubler la surface du centre-ville. Claude Eerdekens (PSD@), le bourgmestre d'Andenne :
Le cœur de ville se situe à 500 mètres de l'hôtel de ville. Du côté d'Anton, la ville ne sait pas se développer ailleurs qu'à cet endroit. Où voulez-vous, demain, faire l'extension de l'Aréna sur 4 à 5 hectares, avec une nouvelle caserne des pompiers, une nouvelle maison de repos et de soins, et des tas d'investissements publics? Et puis, un parc magnifique de dix hectares ouvert au public, c'est quand même appréciable.
Sur papier, c'est effectivement séduisant, mais l'opposition se méfie des effets d'annonce et demande des garanties pour un développement raisonnable. Philippe Mattart (AD&N) :
On parle de 1 000 logements avec une concentration extrême de l'habitat au cours des prochaines années, et on n'a aucune visibilité. On nous dit même que le projet pourrait être réévalué tous les dix ans. Et je me mets à la place des riverains qui vont devoir se dire en permanence: "Eh bien, qu'est-ce qui va nous arriver ?". Quels types de logements ? Quel type de construction ? Des constructions rez-de-chaussée + 2 étages au minimum, mais peut être + 3, + 4 étages, + 5 étages, qui vont côtoyer des habitations traditionnelles.
La majorité veut tempérer. Il n'est pas question de 1 000 logements, mais plutôt de 500. Et puis certaines rumeurs parlent de la création de grandes surfaces. Claude Eerdekens s'inscrit en faux :
Les rumeurs sont des fake news. D'abord, les terrains sont propriété communale à 97 %. Nous refusons toute grande surface. Ce que nous affirmons avec force est que pour les commerces du centre-ville, c'est un très bon investissement. Parce que s'il y a 500 logements, comme nous le préconisons, ou même 1 000 comme l'affirment certains opposants, mais que ce soit 500 ou 1 000, ça fait 1 000 ou 2 000 habitants, où voulez-vous que ces gens fassent leurs courses si ce n'est en plein centre d'Andenne, dans l'actuel centre commercial de la rue Brun ou la rue du Commerce ? Ils ne vont pas filer à Namur, à Huy, ou à Ciney. Donc, très honnêtement, ce projet est un bonus pour l'ensemble du commerce local.
L'opposition souligne aussi que la majorité avance un peu tête baissée, et ne prévoit pas de financement pour les différents projets envisagés. Hugues Doumont, pour le groupe AD&N:
Ici, on retourne un peu les choses en disant "on verra au fur et à mesure". Or, ici, on parle quand même de, à mon avis, plusieurs centaines de millions d'euros. Puisqu'on parle d'un nouvel hôtel communal, d'une caserne de pompiers, d'une caserne de police, de nouvelles infrastructures sportives, d'une maison de repos, d'un boulevard urbain. Pour ce dernier, on nous a dit que ça va être le SPW qui va financer cela, mais ça ne se fait pas en un claquement de doigts. Et donc là, on trouve en tout cas que pour un méga projet comme ça, comme tout porteur de projet, la base c'est de partir en mettant des bonnes fondations, et en ayant un bon budget avec des entrées et des sorties.
Claude Eerdekens ne partage pas le même avis:
Un SOL (Schéma d'Orientation Local) est un outil réglementaire, urbanistique. Ce n'est pas un outil financier. Et puis, comme la Ville a la maîtrise foncière, elle a la propriété des terrains. Chaque projet aura son économie propre et aura sa propre vie administrative, avec une enquête publique, avec une autorisation qui sera accordée pour tout ce qui est bâtiments publics par le fonctionnaire délégué de l'urbanisme.
Sans grande surprise, l'adoption du Schéma d'Orientation Local a été voté majorité contre opposition.