La ville d'Andenne vient de gagner son procès contre la fabrique d'église de la collégiale Sainte-Begge. Chaque partie se pensait être la propriétaire de la chasse de Sainte-Begge qui se trouve dans la Collégiale. C'est donc Andenne qui a eu gain de cause, pour l'instant, car la fabrique n'exclut pas d'aller en cour d'appel. Le jugement pourrait faire jurisprudence pour les toutes les autres communes.
Au centre d'une aile de la Collégiale Sainte-Begge d'Andenne, trône un reliquaire à la valeur inestimable. Il s'agit d'une chasse où se trouverait les restes de la sainte en personne. Depuis 2020, la Commune et la fabrique d'église bataillent pour en revendiquer la propriété puisque la chasse vaudrait plusieurs millions d'euros. Le tribunal de première instance de Namur vient de donner raison au pouvoir public local. "La ville d'Andenne ne peut être que ravie qu'un tribunal indépendant consacre sa propriété sur le trésor de la Collégiale", dit fièrement le bourgmestre Claude Eerdekens. "Que ce ne soit pas le cas pour la fabrique d'église, c'est une très bonne nouvelle".
Pour revendiquer la propriété, Andenne se base sur la nationalisation des biens ecclésiastiques à la révolution française de 1789. En effet, six ans plus tard, en 1795, la nationalisation était élargie aux provinces belges, faisant donc tomber la chasse sous la propriété du pouvoir public.
Du côté de la fabrique, on se défend en disant qu'au moment du transfert de propriété, la chasse n'était pas dans l'église, mais qu'elle avait été mise à l'abri par les sœurs chanoinesses. Le tribunal n'a donc pas suivi l'argumentaire de la fabrique. "Il est certain que nous aurions voulu un autre jugement", confie le directeur du patrimoine du diocèse de Namur, Christian Pacco. "En fait, cela ne va rien changer concrètement. Tout reste comme avant, ce patrimoine reste dans la Collégiale, comme il l'est historiquement. Il est géré par la fabrique tout comme l'édifice est géré par la même instance".
Une partie du trésor parti au musée du diocèse
Claude Eerdekens explique mener ce combat pour préserver et protéger le trésor de Sainte-Begge : "on a constaté au fil du temps que des pièces ont disparu, que le trésor n'est pas bien conservé, que des pièces ont été volées. On a vu sur le marché de l'art, une pièce du trésor qui a été vendue il y a deux à trois ans. Comment une pièce du trésor se trouve-t-elle sur le marché de l'art ?"
Si la pièce maîtresse est enfermée dans la Collégiale en travaux, des manuscrits et des antiphonaires, ont été déplacés au musée diocésain de Namur. Fort de cette décision de justice, le bourgmestre veut les faire revenir à Andenne, mais pas sûr qu'un nouveau bras de fer n'éclatera pas, car à cela, le directeur répond sèchement : "le bourgmestre peut avoir des souhaits, mais le jugement dit bien que la gestion du trésor est aux mains de la fabrique d'église".
La Commune se dit prête à faire des travaux supplémentaires pour mieux conserver le trésor complet au sein de la collégiale, mais la fabrique de son côté n'exclut pas d'aller en cours d'appel. Cette décision est une première en Belgique, d'autres communes pourraient elles aussi revendiquer la propriété de biens ecclésiastiques.