"Yallah Gaza", c'est le titre du documentaire réalisé par le cinéaste français Roland Nurier. Un film projeté hier à Floreffe à l'initiative du centre culturel et des Ateliers du Savoir. Ce documentaire tourné avant l'attentat du Hamas d'octobre 2023 dénonce le blocus, les exactions et les crimes de guerre commis par l'armée israélienne mais raconte aussi ce qu'était la vie quotidienne des gazaouis.
Aujourd'hui la bande de Gaza n'est plus qu'un champ de ruine. En un an, plus de 45.000 personnes ont été tuées sans compter des milliers de corps qui se trouvent encore sous les décombres. Environ deux millions de gazaouis ont été déplacées. Avant, Gaza ce n'était pas le paradis pour autant. Il y avait le blocus, les restrictions à tous les niveaux : circulation, pêche, culture, les exactions de l'armée israélienne mais il y avait aussi des marchés, des danses et un niveau d'instruction incroyablement élevé vu le contexte. C'est ça que raconte ce documentaire tourné avant l'épouvantable attentat perpétré par le Hamas en octobre 2023 et réalisé par Roland Nurier.
Vous vouliez montrer à la fois les exactions de l'armée israélienne, mais c'était montrer aussi la résilience des Palestiniens et des Gazaouis en particulier ici, dans ce territoire effectivement soumis à un blocus et que l'on considère très souvent comme une prison à ciel ouvert. ?
Alors moi, je dirais : "la prison à ciel fermé", d'accord ! L''idée forte du film, c'est rendre leur humanité aux Gazaouis. Déjà avant le 7 octobre, je considérais qu'ils étaient déshumanisés et comme le dit une des intervenantes du film : le peuple de Gaza, c'est un peuple normal, mais qui vit dans un environnement totalement anormal.
LE PUBLIC AU RENDEZ-VOUS
Ce soir, dans la petite salle du centre culturel de Floreffe, il faut rajouter des chaises. Parmi les spectateurs, on trouve pas mal de sympathisants de la cause palestinienne. Le film est d'ailleurs introduit par un membre de la section namuroise de l'Association belgo- palestinienne Michel Bouyaux.
Le 7 octobre, on a été frappés par le fait que les grands médias ont tous adopté , sans exception, le point de vue israélien et le narratif israélien, y compris des fake news comme la fameuse histoire des 40 bébés décapités, une fausse information qui a d'ailleurs été immédiatement démentie par l'armée israélienne elle-même. Mais tout cela faisait partie d'un concert de propagande et de facilitation d'un génocide.
Un génocide dénoncé très mollement par les dirigeants occidentaux. De son côté, le réalisateur du documentaire ne veut pas minimiser l'horreur de l'attentat perpétré par le Hamas, mais il veut que l'on contextualise la situation à Gaza avant l'attentat.
...C'est 17 ans d'enfermement. C'est une cocotte minute qu'on a posée sur un feu et qui a explosé de la plus mauvaise des façons, certes, mais je veux dire : ne pas expliquer l'histoire des Palestiniens qui sont privés de leurs droits fondamentaux depuis 75 ans, la terre palestinienne qui est colonisée avec la complicité de l'Occident, ne pas le dire, ne pas le contextualiser, c'est une faute, je pense.
A l'issue de la projection, le public, pourtant déjà sensibilisé à la cause, semble satisfait de mieux comprendre l'histoire de la région et les mécanismes qui ont conduit à la situation actuelle. Un spectateur nous dit :
Toute cette violence, c'est un fait, je crois qu'il n' y a pas de discussion à avoir là- dessus.
Une autre nous précise :
Un peu trop bavard entre guillemets mais je pense que c'est utile pour essayer de démêler un peu cette situation inextricable, d'essayer de comprendre pourquoi c'est devenu inextricable.
L'ESPOIR D'UN CHANGEMENT
Sorti en salles il y a un an, juste après l'attentat du Hamas, le film a eu quelques difficultés à être distribué. Mais aujourd'hui, l'état d'esprit a changé. Vu l'ampleur de la riposte israélienne, ils sont de plus en plus nombreux à accepter d'interroger la stratégie des autorités israéliennes. Une stratégie qui consiste à pousser les Palestiniens à bout, les pousser à la révolte pour ensuite se positionner en tant que victimes, riposter et massacrer ces rebelles. Même Donald Trump, durant sa campagne électorale, a émis des réserves sur les actions d'Israël à Gaza. C'est dire !