En Belgique, une loi introduite il y a quelques années empêche désormais les exploitants de salles de cinéma de refuser l'entrée à des jeunes en dessous de l'âge recommandé pour un film. Une simple recommandation d'âge est affichée, mais il est impossible d'empêcher les parents d'emmener leurs enfants voir des films violents ou inadaptés. Ce vide législatif suscite des critiques, particulièrement chez les exploitants de cinémas locaux, comme Vivian Audag, responsable des cinémas de Couvin et de Sambreville. Depuis la sortie de Terrifier 3, un film d'horreur particulièrement sanglant, il est régulièrement confronté à des parents qui amènent leurs enfants, parfois très jeunes, pour voir ce genre de films.
Depuis la sortie de Terrifier 3, un film d'horreur particulièrement sanglant, Vivian Audag est régulièrement confronté à des parents qui amènent leurs enfants, parfois très jeunes, pour voir ce genre de films. Il nous explique :
Il y en a un dans la file, il a dix ans quoi! Tu vois qu'il est avec son papa. Celui-là, il n'a pas l'air d'avoir 18 ans, ça c'est sûr. Celui d'à côté est encore plus jeune. Mais les parents viennent avec... Parce que, ça doit leur donner un sentiment de partager un moment fort avec leur enfant… Qu'est-ce qu'on doit dire aux parents ? Vous vous rendez compte de ce que vous faites ? On n'a pas le droit de faire ça.
En France, une législation plus stricte sur les films interdits aux moins de 18 ans
Contrairement à la Belgique, où seuls des avis de recommandation sont en vigueur, la France interdit fermement aux mineurs de voir certains films, comme Terrifier 3, réservé aux plus de 18 ans. Pour Vivian Audag, cette réglementation est bien plus efficace pour protéger les jeunes publics.
Le centre du cinéma dit 'C'est pour responsabiliser les parents'. Le problème, c'est que tous les parents ne sont pas capables de faire le choix de ce qui est adapté à leur enfant. Et dans le cadre de Terrifier 3 et même d'autres films, on voit des enfants très jeunes qui ne devraient pas voir ce genre de films. Certains parents disent 'Il a déjà vu le premier et le deuxième à la maison'."
Le débat s’étend au-delà des films d’horreur
Cette problématique n’est pas nouvelle pour les exploitants de salles. Elle concerne aussi les films à caractère érotique, comme l’a montré la sortie de 50 nuances de Grey. Vivian Audag se rappelle d’une situation similaire :
Il y a une dame qui est venue avec sa fille de six ans. Et quand je lui dis 'Madame, ce n'est pas du tout adapté', elle me répond qu'elle n'a pas de baby-sitter. Alors, elle va voir le film, et la petite peut rester en salle. Que dire à ce moment-là ? On ne peut rien dire. On ne peut pas leur refuser l'accès. Ce n'est pas seulement pour les films d'horreur, mais aussi pour les films comme Emmanuelle, qui posent problème au niveau de la morale et de la violence.
Les spectateurs présents, ce dimanche, sont pour la plupart d'accord avec Vivian.
Je pense qu'ils devraient interdire les films très gores aux mineurs. Il faut limiter l’accès à ces images, qui ne devraient pas être montrées à tout le monde, explique un spectateur. Pour moi, limiter à 18 ans, c’est peut-être un peu excessif, mais à partir de 16 ans, ce serait plus raisonnable.
Un jeune de 17 ans, un peu plus sceptique, s’exprime sur l’hypothèse d’une interdiction stricte pour les mineurs :
J'aurais peut-être dit que c'était un peu scandaleux, mais bon, passons. Il y a des sites de streaming pour voir des films. Donc, je l'aurais vu une fois sorti en Blu-ray ou autre.
L'expérience en salle : un impact différent du visionnage à domicile
Vivian Audag souligne que l'expérience de voir un film en salle est bien plus immersive et intense que de le regarder chez soi. Selon lui, la puissance sonore, la taille de l'écran et l'obscurité rendent les scènes de violence et d'horreur beaucoup plus impressionnantes.
Entre voir un film à la maison, avec de la lumière allumée, et se retrouver dans une salle sombre, avec un son 7.1 et un écran de dix mètres, ce n'est pas du tout la même chose. Cela n'atteint pas les gens de la même manière, insiste-t-il.
Un appel à la sensibilisation des parents
Pour l’exploitant, il est crucial de relancer la communication sur l'importance des ciné-check. Les recommandations d'âge devraient aussi être obligatoirement apposées sur les affiches, bien que celles-ci ne soient pas toujours respectées par les parents.