TEST - Coronavirus de longue durée : pratiquement un Belge sur deux a toujours des symptômes 3 mois après l’infection

 "Et ces symptômes peuvent avoir un impact sur la santé en général, mais aussi sur leur santé mentale et leur santé sociale", nous dit d’emblée le Professeur et Docteur en Santé publique Pierre Smith, qui a coordonné une étude sur le Covid de longue durée pour l’institut belge de santé publique, Sciensano.
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Beaucoup de recherches sont réalisées sur la prise en charge aiguë de la maladie, mais que sait-on de la version longue ? Les différentes études nous en apprennent tous les jours un peu plus. Comment mieux prendre en charge le Covid long ? Ou encore que 70% des patients souffrant de Covid long ont un système nerveux central hypersensible.

Pierre Smith rappelle que le Covid long est encore nouveau. Il y a à l’heure actuelle plusieurs hypothèses médicales pour en expliquer les causes, mais aucune ne fait un consensus.

Pratiquement une personne sur deux a un symptôme lié au Covid-19 après 3 mois

L’objectif de cette nouvelle étude est d’approfondir les connaissances sur le Covid de longue durée et les effets à long terme d’une infection au Covid-19 sur la santé physique, mentale et sociale. A ce stade du projet, 1658 personnes ont été suivies 3 mois après leur infection. L’étude n’est pas encore terminée, elle se poursuit jusqu’au mois d’avril 2023 afin de documenter au mieux les séquelles à long terme de la maladie. "Parce qu’il faut pouvoir répondre à cette souffrance et à ces besoins au sein de la population […] Un grand nombre de personnes est infecté par le Covid-19 et une personne sur deux déclare encore des symptômes au bout de trois mois. C’est quelque chose dont on doit tenir compte dans la programmation et la prise en charge des soins de santé de ces gens."

Dans son introduction, Sciensano rappelle qu’il n’y a pas de définition consensuelle du Covid de longue durée et que les personnes qui en souffrent présentent différents symptômes qui peuvent avoir des causes multiples. Raison pour laquelle l’institut a travaillé sur base de la définition du NICE (National Institute for Health and Care Excellence), qui peut se résumer de cette façon : "Présenter au moins un symptôme lié à l’infection au Covid-19 3 mois après celle-ci".

A partir de cette définition, il en ressort que 47% des individus déclarent après 3 mois encore avoir au moins un symptôme lié à leur infection au Covid-19.

Une proportion qui tombe à 34% pour les personnes qui ont déclaré après 3 mois avoir encore au moins deux symptômes liés à leur infection au Covid-19.

Trois mois après l’infection au Covid-19 :

• 3% des personnes ne se sentent pas du tout remises du Covid-19
• 6% pas trop remises
• 9% ni oui ni non
• 25% plutôt oui, et 56% tout à fait remises.

Par ailleurs, et toujours trois mois après l’infection au Covid-19, 26% des personnes (soit une sur quatre) ont été diagnostiquées d’un Covid de longue durée par un professionnel de la santé, précise l’institut belge de santé publique.

A voir ces chiffres, on peut imaginer le nombre de demandes de soins qui sont et seront nécessaires à la suite d’une infection au Covid.

Les symptômes

Parmi les symptômes les plus fréquents liés au Covid long, l’étude mentionne :

• la fatigue/épuisement (51%)
• les maux de tête (28%)
• les troubles de la mémoire et de la concentration (26%)
• les douleurs musculaires (24%)
• les difficultés respiratoires (23%)
• les troubles du sommeil (20%)

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Les personnes les plus à risque de présenter un Covid de longue durée

Rappelons que l’étude a été réalisée sur base des réponses de 1658 personnes. Sciensano précise que la cohorte est "majoritairement composée de personnes entre 26 et 45 ans (48%), de femmes (63%) et de personnes avec un diplôme de l’enseignement supérieur (62%). Au total, 8% des participants présentent un antécédent de maladie chronique, 41% ont un poids normal, 91% ont déclaré des symptômes en phase aiguë de l’infection Covid-19, 3% ont été hospitalisés suite à leur infection et 75% n’avaient pas encore reçu une dose de vaccin au moment de leur infection (entre avril et juin 2021)".

• Il ressort de l’étude que près de la moitié des femmes (52%) ont déclaré souffrir du Covid de longue durée 3 mois après leur infection. Le Docteur Pierre Smith, précise qu’il y a plusieurs hypothèses et aucune certitude, mais ce constat a déjà eu lieu dans d’autres études internationales sur le Covid-long et cela reste difficile à expliquer. Ce pourcentage atteint 41% chez les hommes.
• Selon l’étude, les personnes avec un niveau d’éducation plus faible sont plus à risque que les personnes avec un niveau d’éducation supérieur de présenter un Covid de longue durée. "C’est ce qu’on appelle les inégalités sociales de santé. Ce sont des personnes souvent plus susceptibles d’avoir un certain nombre de maladies chroniques et donc c’est quelque chose qu’on observe aussi avec le Covid long". Chez les personnes avec un diplôme du secondaire ou inférieur, 50% déclarent souffrir du Covid de longue durée 3 mois après l’infection, en comparaison avec les 46% de personnes possédant un diplôme de l’enseignement supérieur.

Les personnes avec un antécédent de maladie chronique, les personnes en situation de surpoids ou d’obésité et les personnes qui présentaient au moins un symptôme du Covid-19 en phase aiguë de l’infection, sont également plus à risque de présenter un Covid de longue durée, ressort-il de l’étude.

Par contre, le fait d’avoir été hospitalisé en raison d’infection au Covid-19 n’est pas un facteur de risque de faire un Covid long.

Quant au vaccin, le nombre de doses administrées au moment de l’infection n’est pas significativement associé au risque de présenter un Covid de longue durée.

La qualité de vie liée à la santé en recul

Les conséquences négatives sur la santé physique, mentale et sociale des personnes ayant développé un Covid long ont été comparées avec d’autres ne présentant aucun symptôme trois mois après leur infection au Covid-19.

Il en ressort, pour les personnes présentant un Covid de longue durée, une moindre qualité de vie et des problèmes plus ou moins importants.

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Comme nous pouvons l’observer dans le graphique ci-dessus, les personnes ayant fait un Covid long ont une score plus faible de qualité de vie liée à la santé en général.

Cela se traduit par des difficultés respiratoires modérées et sévères. On note que pratiquement une personne sur deux ayant un Covid long présente une difficulté respiratoire modérée et 2% une difficulté sévère. En comparaison, ces pourcentages sont de 17% et 0% pour les personnes n’ayant pas fait un Covid long.

En matière de santé mentale, les personnes souffrant d’un Covid long ont aussi une prévalence plus importante pour des troubles anxieux et des troubles dépressifs.

Enfin, l’étude de Sciensano constate également des conséquences négatives sur la situation professionnelle et économique des individus. "Ce sont des gens qui vont être aussi plus en incapacité de travail, par exemple", nous dit le Professeur et Docteur en Santé publique, Pierre Smith. Les personnes présentant un Covid de longue durée ont été en moyenne 20 jours en arrêt maladie. Le nombre de jours moyen en arrêt maladie est de 13 pour les personnes ne présentant aucun symptôme 3 mois après leur infection.

Parmi les personnes présentant un Covid de longue durée, une sur trois déclare avoir eu une perte financière modérée à sévère due à leur état de santé.

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