Cinq ans après le premier confinement, quel regard les acteurs du secteur culturel portent-ils sur cette crise sanitaire? Réponse du directeur du Centre culturel de Sambreville, et de la responsable des partenariats au sein du Festival Esperanzah.
Mars 2020. Le premier confinement est imposé. Les rues, les places, les magasins se désertifient. Le secteur de la culture s'apprête lui aussi à connaître deux années noires. Les spectacles sont interdits jusqu'à nouvel ordre. Au Centre culturel de Sambreville, après la sidération, vient le temps des actions. Fraîchement débarqué comme directeur à l'époque, Franck Pezza apporte son soutien à l'idée de poursuivre différents ateliers en ligne, en visioconférence.
Alors il y a les morts et toute cette tragédie. Mais sinon, globalement, c'est une période que l'on peut regarder en étant assez fiers de nous par rapport à ce qui s'est passé.
STILL STANDING FOR CULTURE
Au sein du Festival Esperanzah, l'annonce en avril 2020 de l'annulation de tous les festivals est très dure à encaisser. L'équipe se retrouve au chômage économique. Les mois passent entre nouveaux projets et reconfinement. Le ras-le-bol s'installe. Une action est organisée à l'Abbaye de Floreffe, nous explique Florence Higuet, Responsable des partenariats pour Esperanzah.
L'Abbaye de Floreffe a été transformée en parc pour espèce en voie de disparition, symbole des artistes et de tout ce qui est métier des arts, des métiers qui disparaissaient. Il n'y avait plus rien.
Mais en 2021, l'étau se desserre. L'équipe organise alors le petit Esperanzah.
Donc on a été quelque part le premier événement de masse en Fédération Wallonie-Bruxelles à mettre en place le Covid Save Ticket à la fin juillet 2021.
DESERTIFICATION DES SALLES
En 2022, on sort peu à peu de la crise sanitaire, mais elle a laissé des traces. Au Centre culturel de Sambreville, on est confronté à une désertification de la salle de spectacles, nous dit le directeur.
D'abord, tout simplement parce qu'une partie du public est décédé. Dans le public du théâtre, on avait beaucoup de personnes âgées. Il y en a qui sont décédés et ensuite, pendant tout un temps, il y a eu des gens qui ont eu peur de revenir au théâtre parce qu'ils avaient peur de se retrouver dans la foule et c'était normal.
Concurrence accrue, crise énergétique, indexation des salaires, météo maussade... en 2023, le festival Esperanza frôle la faillite. Une coopérative est créée. Un appel au financement participatif est lancé. Un succès !
Le marché de la culture était devenu exponentiel, il y avait beaucoup, beaucoup de choses. Du coup, les prix se sont mis à augmenter fortement. En même temps, le pouvoir d'achat diminuaient chez certains. Et il y avait l'impact du climat qui créait de l'anxiété. Les gens avaient besoin d'être rassurés. Ça a amené des changements de comportement. Le public s'est mis à réserver beaucoup plus tard par exemple.
Esperanzah se réinvente : moins de grands noms (car plus les moyens), plus de petites scènes, plus de découvertes... Un retour aux sources en quelque sorte.
À Sambreville, on se renouvelle aussi : équipe ressoudée, nouvelle stratégie de communication, ouverture de la programmation aux concerts, un nouveau public répond présent.
Une fois le spectre du retour du Covid écarté, je crois que les gens ont pris conscience pendant cette période que la culture, c'était vraiment important, que le lien social qu'elle engendrait était important aussi On est ressorti plus forts du Covid.
A l'échelle de l'Europe, on estime qu'en 2020, le confinement a fait perdre au secteur culturel 31 % de son chiffre d'affaires. On parle de centaines de millions d'euros.
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