Air du temps: la mobilité ne peut pas être ignorée des partis politiques dans la confection de leurs programmes. C'est un enjeu majeur pour notre planète. Quelle mobilité pour demain? Comment inciter les citoyens à se tourner vers les transports en commun? Quid de la mobilité douce comme le vélo? Comment se préparer à l'essor de la voiture électrique? Nous avons épluché ce que les formations politiques proposent au niveau wallon.
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Mobilité. Voilà un mot qui se trouve à coup sûr dans les programmes politiques. Dans les chapitres consacrés à cette thématique, systématiquement, il est d'abord question des transports en commun. En Wallonie, tous sont d'accord pour les développer mais qu'en n'est-il de la gratuité de ce service public?
Vers des bus gratuits?
Gratuité? Il y a des nuances dans les programmes. Le PTB est le seul parti à proposer la gratuité tout de suite pour tout le monde sans exception. Est-ce finançable? "Oui", affirme le parti d'extrême gauche. Comment? "Il faudrait consacrer 70 millions par an pour assurer la gratuité totale si on prend compte des réductions qui existent déjà pour les différents publics. C’est moins de 10 % du budget annuel du TEC".
De son côté, le PS veut rendre gratuit dans un premier temps l’ensemble des transports publics, les bus comme les trains, pour les 12-18 ans, pour les plus de 65 ans et pour les détenteurs du statut BIM (un statut pour les personnes à faibles revenus).
Les Engagés et Écolo, de leurs côtés, prônent une quasi-gratuité pour certaines catégories. Chez les verts, "il faut élargir la quasi-gratuité ciblée à la STIB et au TEC, en priorité pour les jeunes au-delà de 25 ans, et continuer à abaisser les prix pour les autres catégories d'usagers". Les Engagés, eux, plaident pour "évaluer l’impact en terme de transport modal du tarif préférentiel 12 euros par an des 18-24 ans pour l’étendre au 12-18 si l’évaluation est positive!". Les Engagés veulent un tarif réduit pour les familles monoparentales comme c'est le cas pour les familles nombreuses.
Le MR, lui, prône une démarche plus ciblée concernant la gratuité ou les réductions tarifaires: "Il s’agirait de lier les avantages à des critères spécifiques, tels que le statut d’emploi ou la scolarisation. En revanche, nous prônons l’extension du tarif réduit aux étudiants qui poursuivent et réussissent leurs études au-delà de leurs 24 ans". Que veulent dire les Réformateurs par "qui réussissent leurs études?" Est-ce à dire qu'un étudiant qui raterait ses études et qui se réorienterait vers d'autres après 24 ans ne pourraient pas avoir de tarif réduit? La formulation est ambigüe en tout cas.
Plus d'offre pour davantage d'utilisateurs?
Comment développer l'offre des bus en Wallonie? Le MR plaide pour l'extension des dispositifs de lignes express similaires à celles utilisées en Brabant wallon. Les Engagés, eux, veulent doubler l'offre de transport public et atteindre l'objectif d'un bus tous les quart d'heure près de chez soi ou dans les grandes villes. Comment? Le programme des centristes ne le mentionne pas.
Pour DéFI, il est important de penser au bus comme continuum d'autres moyens de transport. Il propose de développer à des conditions attractives des parkings de dissuasion (P+R) pour assurer la connexion voiture-bus vers les centres villes par exemple.
Écolo propose d'étendre les expériences "vélo sur bus". Pour simplifier l'accès à l'ensemble des services des opérateurs de mobilité, les verts proposent un ticket climat, à savoir un ticket à prix fixe pour tous les transports utilisés.
"Nos transports en commun doivent à nouveau fonctionner, et pour cela, des investissements sont nécessaires" peut-on lire dans le programme du PTB. " Pour le TEC, cela signifie : "une première salve de 100 millions d'euros pour commencer et, ensuite, 100 millions d'investissements supplémentaires par an afin de renouveler plus rapidement la flotte de bus et améliorer les conditions de travail. Cela afin de permettre un engagement et une stabilité au niveau du personnel du TEC".
À bicyclette!
Selon une enquête du SPF mobilité qui date de 2023, 14% des travailleurs vont au boulot à vélo en Belgique. Avec des disparités régionales assez fortes: 21% en. Flandre, 7% à Bruxelles mais seulement 2,4% en Wallonie. C'est trop peu! Comment encourager les Wallons à faire de leur vélo, un partenaire de mobilité douce que ce soit sur la route du travail ou pour tout autre déplacement?
Seul, Écolo propose une mesure chiffrée pour inciter les Wallons à enfourcher leur vélo: "Investir un montant de 50 € par an et par habitant dans la politique cyclable afin de continuer le développement des infrastructures, et programmer de la sorte, d’ici 2030, 1.000 km d’infrastructures cyclables sécurisées".
Les Engagés veulent réduire progressivement le stationnement en voirie sur des axes ciblés afin notamment de créer des espaces pour les cyclistes.
"Il faut sécuriser l’accès à vélo des vingt principaux centres urbains wallons dans un rayon de 10 kilomètres via des infrastructures sécurisantes - et non de simples marquages au sol" propose DéFI. Et d'ajouter: "réaliser les cinq corridors vélos reliant Bruxelles et le Brabant wallon et développer quatre autres corridors à l’horizon 2040".
Le PTB attache de l'importance à l'accès à ce moyen de locomotion: "Nous veillons à ce que tout le monde ait accès à un vélo en encourageant la création de services publics de vélos partagés abordables".Il faut chercher dans le programme du PS pour trouver une partie consacrée au vélo. Le passage qui y est consacré est aussi maigre qu'un yoghourt allégé: "Développer des plans d’actions pour renforcer l’utilisation des vélos". Quant au programme du MR, nous n'avons rien trouvé sur cette thématique.
Se préparer à la révolution électrique
Bye Bye Thermique! Bonjour Électrique? C'est en tout cas ce que tout le monde dit pour l'avenir du parc automobile dans les prochaines années. Une révolution qu'il va falloir préparer. Cela passe notamment par des infrastructures adéquates pour faire tourner les voitures électriques. Les Engagés chiffrent les efforts à fournir au niveau des bornes de recharge en Wallonie: "En matière de recharge et de véhicules électriques, il faut pour 2030 créer en Wallonie au moins 60.000 points de charge". (NDLR: à titre de comparaison, il y aurait au 1er janvier 2024, 6000 points de recharge accessible au public en Wallonie selon EV Belgium. Une fédération qui travaille au développement du marché de la mobilité zéro émission en Belgique).
Le mouvement de Maxime Prévot évoque un droit que l'on ne connaissait pas sans nul doute au Moyen-Age: "Instaurer un droit à la prise pour chaque propriétaire d’un véhicule électrique au cas où le citoyen ne dispose pas d’un point de recharge personnel ou à distance raisonnable. Il pourrait alors demander l’installation d’une borne de recharge publique sur le domaine public.
Le MR estime que les régions et les communes doivent lever tous les obstacles législatifs et urbanistiques possibles afin de favoriser le développement d'un réseau de recharges par les acteurs privés, Pour les Réformateurs, il y a trop de bâtons dans les roues actuellement pour en implanter.
DéFI considère qu’il faut un plan ambitieux de points de chargement pour véhicules électriques tout en restant attentifs aux impératifs en matière d’urbanisme, d’accessibilité et de stationnement.
Tout à l'électrique? Le parti amarante nuance: " L’évaluation des politiques nous impose de remettre nos choix en question au regard des évolutions technologiques et de leurs impacts environnementaux et économiques. Si des solutions meilleures existent, quitte à éventuellement opérer un retour vers le thermique, nous ne pourrons les rejeter par principe".
Les socialistes mettent en avant dans leur programme un aspect social: "Il faut développer les primes à la mobilité électrifiée destinées aux ménages modestes et précaires".
Quant au PTB, il souhaite la mise en place d'un réseau public de stations de recharge pour les voitures électriques. Face à ce courant qui prône l'électrique, le parti d'extrême gauche tempère: "Nous n'introduisons pas l'interdiction des moteurs essence ou diesel tant que les voitures électriques restent plus chères et ne proposent pas une alternative fiable aux véhicules électriques".
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