"L'école-à-vivre" : une école alternative privée dans un ancien monastère à Mettet

par

A coté des établissements scolaires traditionnels, financés par les pouvoirs publics, il existe des écoles privées alternatives, qui ne reçoivent aucun subside et qui développent des pédagogies différentes. C'est le cas de "L'École-à-vivre" à Mettet.


Nous sommes dans l'ancien monastère d'Ermeton sur Biert. Les Bénédictines ont quitté en 2019 ce bâtiment exceptionnel datant du 16ème siècle et qui a alors été racheté par un investisseur bruxellois. La partie château est occupée par "l'école à vivre", une toute petite école qui accueille pour l'instant une quinzaine d'élèves en secondaire et quelques plus petits en maternelle.
Il s'agit d'une école alternative qui a pris ses distances avec le système pédagogique traditionnel. La fondatrice,  philosophe de formation et ancienne coach scolaire, a elle même construit l'école dont elle rêvait en partant de différents grands courants de la pédagogie alternative. Elle nous explique :


Il y a ici des influences Montessori, il y a des influences Freinet, il y a des influences Decroly, mais il y a des influences aussi de l'école de Summerhill en Angleterre, qui est la première école démocratique au monde. Mais la pédagogie, elle, s'est vraiment créée grâce à tous les enfants que j'ai pu accompagner et qui, dans leurs difficultés, m'ont obligé en fait à réfléchir.
Ok, comment on fait quand ça ne va pas, quand ça ne va pas avec toi ?   Et comme chacun est singulier, mais qu'il y a quand même des profils types, le fait d'avoir dû trouver des solutions pour les aider,  ça donne la recette d'une bonne école.


Et visiblement la recette fonctionne. La plupart des élèves ont connu des difficultés dans l'enseignement traditionnel et ont trouvé ici une nouvelle motivation. Maxine, 13 ans, nous confie ceci :


En cours, je n'étais pas concentrée parce que je suis TDAH et j'étais vraiment pas concentrée. Et les profs, ils comprenaient pas et du coup je me faisait crier dessus et puis on a trouvé cette école-ci. Et je suis venue faire un essai de un mois. C'était le dernier mois avant les grandes vacances . Et ça m'a beaucoup plu. Et du coup je me suis inscrite ici.

Camille, 16 ans, nous explique aussi son vécu : 


J'avais des bonnes notes avant mais  je n'arrivais plus à travailler et donc il y avait même  un moment où je n'allais plus du tout à l'école. Et maintenant  même les week ends j'ai envie de retourner à l'école. Je suis impatiente à chaque fois qu'il n'y a pas un jour d'école.

Kenzo, 10 ans, explique pourquoi il se sent mieux dans sa nouvelle école : 


En classe, on est beaucoup moins. Donc toutes les questions qu'on a, on peut les poser. Par exemple, à mon ancienne école, on était 30 ou 35, je sais plus trop et ici on est deux ou trois en classe, donc on est plus à l'aise et quand on a une question, on a une réponse. Comparé à mon ancienne école où là je n'avais pas de réponse.


Bien entendu, les cours classiques de français, math, histoire ou géo font partie du programme, mais il y a aussi des cours d'économie, de philosophie ou même d'astronomie ou de codage qui sont accessibles à tous les âges et des cours plus pratiques tels que la cuisine, la céramique ou le chant. Beaucoup de sport aussi. Enfin, la clé de voûte, c'est un module de pratique démocratique lors duquel profs et élèves échangent sur les idées, les projets, les conflits, les émotions.
Et tous prennent les décisions ensemble. Enseignants et élèves apprennent à se connaître et se respecter mutuellement. Une enseignante nous explique : 


C'est un autre concept puisqu'on ne fait pas que donner la matière que l'on doit enseigner. On connaît les élèves autrement. Et ça, ça fait une très grande différence parce qu'on a l'impression que, ici, dans cette école, c'est plus comme une grande famille où on apprend à se connaître chacun avant d'apprendre à connaître la matière. On apprend les deux bien entendu.


Présent en externe ou en interne, les élèves participent aussi aux tâches domestiques dans l'école. Cela fait partie de l'apprentissage comme le décrit la fondatrice :


L'idée, c'est qu'ils ne sont pas ici dans un hôtel, donc ils participent, ils contribuent. Ils apprennent aussi. Donc c'est bête, mais quand on est ado, c'est pas du tout évident d'apprendre à laver la table, d'aspirer, de tenir les choses en ordre. Donc tout ça, ils l'apprennent ici. Et donc la passerelle, elle est fragile entre l'éducation et l'instruction.
Mais ici on fait les deux, je pense, avec l'accord des parents.


l'École à vivre cherche à attirer de nouveaux élèves, en particulier des jeunes de l'entité de Mettet. Mais le frein principal reste évidemment la quote part financière demandée aux parents, qui doit compenser l'absence de subside. Le minerval est calculé en fonction des revenus des parents. Il est d'au minimum 9 000 € en externat et 18 000 € en internat par an. De quoi sortir sa calculette.
 


Sur le même sujet

Recommandations

Image
Réforme de l'enseignement qualifiant: la ministre Glatigny se défend

Réforme de l'enseignement qualifiant: la ministre Glatigny se défend

Le projet de réforme de l'enseignement qualifiant a fait l'objet d'un débat ce mercredi au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles avant le vote.
Image
Réforme de l'enseignement qualifiant: pour l'opposition, c'est incompréhensible !

Réforme de l'enseignement qualifiant: pour l'opposition, c'est incompréhensible !

Journée importante ce mercredi pour l'avenir de l'enseignement qualifiant. Alors que de nombreux élèves et enseignants ont encore défilé dans les rues de Namur, le sujet était abordé au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Image
Ils ne veulent pas de la réforme de l'enseignement qualifiant !

Ils ne veulent pas de la réforme de l'enseignement qualifiant !

Des centaines d'élèves de l'IATA et de l'ITN, à Namur, ont spontanément arrêté les cours, et sont descendus dans la rue ce matin. Ils ont manifesté contre le projet de réforme de l'enseignement qualifiant, qui pourrait être voté ce mercredi.
Image
Enseignement qualifiant : une réforme contre-productive?

Enseignement qualifiant : une réforme contre-productive?

Le Festival des Métiers techniques à Andenne se tient dans un contexte particulier. Le gouvernement de la FWB veut réformer l'enseignement qualifiant. Une réforme qui, selon ses détracteurs, altèrera la qualité de la formation.
Image
Les enseignants sont inquiets, la ministre apporte quelques précisions

Les enseignants sont inquiets, la ministre apporte quelques précisions

Les réformes dans l'enseignement, et notamment dans l'enseignement qualifiant, ont fait l'objet d'un large débat ce mercredi après-midi au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Au lendemain des grèves et manifestations dans nos écoles, la ministre de l'enseignement obligatoire Valérie Glatigny (MR) a répondu aux questions de plusieurs parlementaires, mais aussi aux inquiétudes des enseignants. La ministre a donné quelques précisions, et a voulu répondre à quelques contre-vérités. Voici des extraits de son intervention retransmise sur les médias de proximité.
Image
Enseignants en grève : les profs invitent le politique à revoir sa copie

Enseignants en grève : les profs invitent le politique à revoir sa copie

Fin des nominations, budget raboté ou encore suppression de la quasi totalité des 7es années dans l'enseignement qualifiant. Autant de griefs qui ont poussé ce mardi les enseignants à faire grève. À Namur comme partout en Fédération Wallonie-Bruxelles, les profs étaient nombreux à se mobiliser aujourd'hui.
Image
Centres PMS: le secteur tire la sonnette d'alarme !

Centres PMS: le secteur tire la sonnette d'alarme !

Ce jeudi 7 novembre, le secteur non-marchand du service public sera en partie en grève, et manifestera dans les rues de Bruxelles. Cette grève aura des répercussions dans le domaine de l'enseignement, dans les milieux hospitaliers, ou encore dans le secteur de la petite-enfance. Attention, certains parcs à conteneurs seront également fermés, il vaut mieux se renseigner avant de s'y rendre. Objectif de la manifestation: dénoncer auprès des gouvernements en place ou à venir le manque de personnel, les conditions de travail, et la qualité des services rendus. Parmi les manifestants, on retrouvera notamment du personnel des centres PMS de la province de Namur. Ces centres travaillent dans les écoles primaires et secondaires pour venir en aide aux élèves en difficulté. Ils dénoncent un manque de personnel, et craignent un projet de suppression de quasiment la moitié des effectifs dans les centres PMS de l'enseignement spécialisé. Nous avons rencontré des représentants des centres PMS libres de la province de Namur.
Image
Débat électoral de Namur: le résumé en 13 min

Débat électoral de Namur: le résumé en 13 min

Le projet du Square Léopold (commerces - bureaux - logements), le piétonnier, la dynamique du centre-ville, l'insécurité ou le sentiment d'insécurité dans le centre et singulièrement aux abords de la gare, l'accompagnement social, mais aussi la vie dans les villages, l'enseignement ou encore le sport, les sujets abordés sont nombreux pour ce débat électoral consacré à Namur. En voici le résumé.
Image
L'agenda tendance qui soutient les enseignants

L'agenda tendance qui soutient les enseignants

Cette semaine c'était la rentrée des classes. Et pour l'occasion, nous sommes allés à la rencontre de Mathilde, une enseignante qui a créé un agenda pour ses collègues, et qui risque d'en aider plus d'un.e.
Image
À Couvin, la rentrée des écoles maternelles s'est faite sans assistantes

À Couvin, la rentrée des écoles maternelles s'est faite sans assistantes

Cette semaine c'était la rentrée des classes mais, à Couvin, c'était une rentrée particulière pour un certain nombre d'écoles maternelles qui ne peuvent plus engager d'assistantes, faute de subsides. Dans la commune, l'inquiétude règne. Nous nous sommes rendus dans le village de Petigny.
Image
Rentrée des classes... au son de l'accordéon !

Rentrée des classes... au son de l'accordéon !

Jour de rentrée ce 26 août pour les élèves de l'enseignement francophone. A l'école fondamentale du Moulin à Vent à Bouge, la rentrée ne s'est pas faite en fanfare mais presque... Les enfants ont en effet été accueillis au son d'un accordéon.
Image
Rentrée scolaire - La fermeture de l'école de Romedenne bénéficie à celle de Vodelée, située dans la commune voisine

Rentrée scolaire - La fermeture de l'école de Romedenne bénéficie à celle de Vodelée, située dans la commune voisine

C'était le retour des écoliers sur les bancs des classes ce lundi 26 août. Malheureusement, pas partout. A Romedenne, dans la commune de Philippeville, la sonnerie n'a pas retenti ce matin pour sonner le début de la rentrée. En juin dernier la commune a annoncé la fermeture de l'implantation par manque d'élèves. Après plusieurs années de dérogation, il a fallu se résigner. Une nouvelle désolante pour le village, qui perd un de ses moteurs. Mais une fermeture qui fait aussi le triste bonheur de deux autres implantations voisines : à Surice, toujours sur la commune de Philippeville, et à Vodelée dans l'entité de Doische. Chacune des écoles a récupéré les élèves de Romedenne.
Image
Des étudiants créent leur premier jeu en ligne. Bienvenue dans Nebelmer!

Des étudiants créent leur premier jeu en ligne. Bienvenue dans Nebelmer!

La Gamescom vient d'ouvrir ses portes à Cologne, en Allemagne. La Gamescome, c'est LE rendez-vous incontournable des amateurs, des créateurs, et des distributeurs de jeux vidéo. Un secteur qui représente un énorme marché commercial. Un marché où quelques Namurois cherchent à faire leur place. Un groupe d'étudiants de la Haute école Albert Jacquard, à Namur, a créé un jeu intitulé "Nebelmer", qui est présenté sur la plus importante plateforme de jeux en ligne. La Haute école Albert Jacquard confirme sa réputation de référence européenne dans le domaine de l'image, de l'infographie et du jeu. Et pour les étudiants, c'est un premier pas dans le monde des créateurs de jeux. Rencontre.
Image
Pénurie d'enseignant.e.s : c'est la galère...

Plein Cadre - 13/07/2024

Nous consacrons notre émission Plein cadre à la pénurie des enseignants et enseignantes. Des élèves priés d'aller à l'étude, des enseignant.e.s qui doivent prendre en charge les classes de leurs collègues durant des journées entières, des cours qui sont abandonnés faute de profs,... C'est malheureusement le quotidien de nombreuses écoles, que ce soit en primaires ou en secondaires. Les directions des écoles ne savent plus que faire. C'est une vraie galère pour trouver des remplaçant.e.s. Et la situation va se dégrader encore durant les prochaines années...
Image
Ils ont mis au point un karting électrique

Ils ont mis au point un karting électrique

Des élèves des sections mécanique - soudure - carrosserie de l'Institut Technique de Namur (Asty-Moulin) ont développé un projet plutôt sympa au cours de l'année scolaire. Ils ont transformé un karting à moteur thermique en un kart à moteur électrique. Pour les enseignants, c'est une manière d'aborder, à moindres frais, les nouvelles techniques liées aux moteurs hybrides et électriques. Pour les élèves, c'est un projet concret et motivant. D'autant que certains d'entre eux veulent se lancer dans les sports moteurs. Nous avons suivi les élèves dans leur atelier, mais aussi sur le circuit de Mettet.