C'est une première pour l'industrie belge, le groupe Lhoist veut produire la première dolomie bas-carbone sur son site de Marche-les-Dames. Son projet, appelé "Globe", vise à réduire l'empreinte carbone de sa production de roche de près de 80%. Pour ce faire, deux phases doivent être réalisées : la construction d'un four, d'abord, puis la mise en place d'un système de captage et de séquestration du CO2 produit. Ce qui permettrait au groupe d'atteindre les objectifs environnementaux fixé par l'Europe et de réduire aussi sa taxe carbone.
Le groupe Lhoist, qui produit de la dolomie et de la chaux, est à la tête de plus de 6 500 employés à travers le monde, dont 153 personnes sur le site de Marche-les-Dames. Sur ce site, la dolomie est extraite par tir de mines. Les pierres soient ensuite concassées et raffinées, avant d'être utilisées dans des secteurs comme la sidérurgie, le génie civil ou l'agriculture. C'est une industrie qui produit inévitablement du gaz à effet de serre. Pour réduire au maximum son impact environnemental, le groupe innove avec le tout premier four industriel qui utilisera de l'oxygène à la place de l'air ambiant, comme l'explique le responsable de la transition industrielle du groupe Lhoist, Christian Deconinck.
L'utilisation de l'oxygène à la place de l'utilisation de l'air évite de diluer le CO2 qu'on produit par la fabrication de la dolomie par l'azote. Donc on obtiendrait un gaz qui soit transportable pour la séquestration, avec une concentration de plus 90% de CO2 comparé aux 20% aujourd'hui. On diminue donc l'énergie nécessaire pour le concentrer.
Ce four pourrait faire son apparition sur le site installé entre Namur et Andenne, en 2028. Ce qui devrait permettre de réduire de 15 à 30% son empreinte carbone. Mais avec quel impact pour les riverains ?
Il y a une étude d'incidence qui va être réalisée. On a fait déjà des premières analyses, on a regardé un peu sur les chemins d'accès et ça correspond, potentiellement, à, au maximum, un camion par heure de trafic. Ca représente moins de 10 % de l'activité du site à l'heure actuelle. Il faut savoir que, déjà aujourd'hui, trois quarts des expéditions se font par bateau. Et on en discutera avec le comité de riverains également en amont de cette installation.
Et cette installation ne serait que la première étape du plan de décarbonation du site. Puisque d'ici 2031, le groupe prévoit une deuxième phase durant laquelle il mettra en place un procédé lui permettant de concentrer à nouveau le CO2 pour qu'il puisse être transportable. Christain Deconinck explique :
Ici s'arrête le rôle de Lhoist. On serait alors connectés à un réseau de transport de CO2, par pipeline ou par d'autres moyens de transport, pour rejoindre la mer du Nord. Et ensuite, soit par bateau, soit par pipeline, vers des sites de séquestration. Notre rôle sera donc de concentrer le CO2 jusqu'à 5 %. Mais on aura besoin d'un réseau pour ce transport et d'infrastructures également pour la mise en séquestration en mer du Nord. Et on aura besoin d'électricité pour toutes ces opérations.
Le projet est loin de dépendre uniquement de la volonté du groupe. Il sera soumis à de nombreux facteur extérieurs, même s'il permettrait d'économiser 80% des émissions de CO2 actuelles, ou 250 000 tonnes par an. Le montant total investi par l'entreprise sera de 250 millions d'euros pour les deux phases combinées.